DIX PROPOSITIONS pour lutter contre les infections nosocomiales, voilà l'aboutissement des travaux de la convention démocrate - un groupe de réflexion créé et présidé par le député Hervé de Charette (UMP) - qui souhaite, selon son délégué général Dominique Paillé (député UMP des Deux-Sèvres), « montrer que les élus font autre chose que se quereller ou se préoccuper uniquement des comptes ».
Tout d'abord (et logiquement), les membres du groupe proposent d'améliorer « la connaissance et l'évitabilité de la mortalité attribuable aux infections nosocomiales », notamment par la mise en place d'indicateurs « fiables concernant le risque infectieux, la résistance aux antibiotiques et l'observance des mesures de prévention ». « Il faut que le système de veille et d'évaluation soit extrêmement précis », a demandé Hervé de Charette. De son côté, le ministre de la Santé a rappelé que les infections nosocomiales « touchent 500 000 à 800 000 patients, chaque année, dans les établissements de santé, avec plus de 4 000 décès par an en France ». Parmi ces infections, « 30 % seraient évitables », mais cela reste une estimation. Benoît Guimbaud, secrétaire général de la Sham (Société hospitalière d'assurances mutuelles), plaide pour que seuls ces cas soient imputables à l'établissement : « En Suède, l'établissement n'est condamné que si l'infection était évitable. Les médecins arrivent à déterminer si une infection était évitable... mais, en France, c'est impossible ! »
Les membres de la Convention suggèrent la mise en place d'un « Observatoire des plaintes et de la sinistralité », tandis que des médiations pourraient être proposées pour éviter les contentieux : il s'agit de satisfaire la demande d'information des patients, tout en préservant les médecins, déjà suffisamment chatouilleux sur le sujet de la judiciarisation.
Une rigueur insuffisante.
En dehors des querelles d'experts sur les bénéfices comparés du lavage des mains et de la recherche sur les staphylocoques dorés (engendrant le plus souvent des maladies endogènes, surtout en orthopédie), un consensus s'est dégagé autour de la nécessité de mieux former les personnels. Les démocrates demandent que l'on mesure « l'impact des recommandations sur les pratiques des professionnels » et que l'on institue une formation diplômante d'infirmière hygiéniste. De plus, ils plaident pour la reconnaissance d'un DU d'hygiène et la mise en place de médecins référents que l'on consulterait lors des achats hospitaliers. « Je ne suis pas sûr que les bonnes pratiques soient aussi répandues qu'il le faudrait », explique Dominique Paillé ; argument partagé par Alain-Michel Ceretti (du Lien), qui ne doute pas de la bonne foi des médecins, mais un peu plus de leur niveau de connaissances en hygiène. La convention demande que l'on « évalue le dispositif national de prévention » à partir des travaux des Clin (coordination de la lutte contre les infections nosocomiales) et que l'on favorise « le développement des équipes opérationnelles d'hygiène interétablissements ».
Plus généralement, l'ensemble des participants a insisté sur l'importance de l'évolution des comportements, des soignants comme des soignés. Pour cela, « il faut une politique de formation intense, très active pour l'ensemble du système hospitalier français », explique Hervé de Charette, d'autant que « changer les comportements, c'est plus efficace et ça coûte moins cher ». Le mot est dit : selon Dominique Paillé, « globalement les infections nosocomiales coûtent environ un milliard d'euros à la Sécu », une somme non négligeable, même si elle comprend un seuil incompressible pas encore bien défini.
Philippe Douste-Blazy déclare qu'il veillera « à ce que, dans ce domaine, la France continue à se situer dans les pays les plus innovants », notamment en demandant que l'on rende « publiques les performances de chaque hôpital dans la lutte contre les infections nosocomiales ». En effet, selon le ministre, si notre système curatif est performant, « nous sommes à l'âge de pierre de la médecine préventive et communautaire », fondement de la santé publique. Les performances peuvent être améliorées par des moyens très simples, comme le rappelle Hervé de Charette : « L'utilisation d'un ascenseur différent pour les malades et pour les soignants », le lavage des mains ou l'emploi correct des matériels (bavette, instruments...). Mais, bien sûr, il faut pour cela agir « sur les comportements et la rigueur professionnelle », autant d'éléments difficiles à maîtriser dans des services où le turnover va croissant.
Une prise en charge insuffisante
Selon Dominique Paillé, « il n'y a en France que très peu d'établissements capables de soigner des infections nosocomiales : la Croix-Saint-Simon, à Paris..., rien en province. Il faudrait quatre - ou cinq en comptant l'existant - établissements de soins spécifiques sur le territoire, qui servent de référents. Actuellement, les gens atteints sont soignés dans l'établissement où ils ont été touchés, mais l'incendiaire n'est jamais le bon pompier ».
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