C'ÉTAIT à l'automne 2004. Un adolescent succombait accidentellement à l'injection d'une dose massive de chlorhydrate de morphine. L'enquête menée par l'IGAS (Inspection générale des affaires sociales) avait alors mis en évidence une ambiguïté dans l'étiquetage du produit. Un drame qui confirmait alors la nécessité de renforcer la surveillance d'emploi des médicaments après leur commercialisation. C'est dans cet esprit que l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (AFSSAPS) a ouvert, il y a trente mois, le guichet erreurs médicamenteuses, qui prend en compte les erreurs liées à la présentation des médicaments.
Ce dispositif, qui dresse aujourd'hui le bilan de sa phase pilote, complète les systèmes de remontées d'informations déjà en place en termes d'effets indésirables (pharmacovigilance), d'abus (pharmacodépendance) et de défauts de qualité (département des alertes). Développé et géré par le département de la surveillance du risque, du bon usage et de l'information sur les médicaments, il permet de collecter l'ensemble des erreurs ou risques d'erreurs médicamenteuses auprès des professionnels de santé exerçant au plus près des patients : médecins, pharmaciens, infirmiers, etc., exerçant en libéral ou dans un établissement de santé.
Selon les informations diffusées par le guichet, les «signalements émanent dans la majorité des cas de médecins (50 % des cas) et de pharmaciens ( 41 % de cas) exerçant dans les établissements de santé (service clinique, service pharmacie, centre régionaux de pharmacovigilance) ». En revanche, les médecins de ville et les pharmaciens d'officine signalent peu de cas.
«Le guichet a été mis en place dans le cadre d'une phase pilote de trente mois, afin d'évaluer sa pertinence. Cette étude a inclus la participation de 12binômes –centre régional de pharmacovigilance et pharmacien hospitalier– qui ont accepté de signaler les erreurs et les risques d'erreurs médicamenteuses dont ils avaient connaissance. Les pharmaciens d'officine n'ont pas été initialement impliqués, mais ils sont à l'origine de plusieurs signalements spontanés, notamment sur des similitudes ou des défauts de conditionnement, ou sur des confusions liées au nom du médicament. C'est le cas, par exemple, de Gydrelle et Gydrelle Phyto (complément alimentaire)», relate Aude Monnerie, évaluateur au guichet erreurs médicamenteuses. La phase pilote est aujourd'hui terminée et permet de mettre en exergue la pertinence et l'utilité d'un tel dispositif qui devient donc pérenne. Sans réelle communication depuis son lancement, le guichet est aujourd'hui connu des professionnels de santé. La majorité des erreurs relevées se situent au niveau de la délivrance et de l'administration. Elles concernent en particulier le dosage, le choix du médicament, la posologie et/ou la concentration. Elles sont principalement dues à la similitude des conditionnements, à un défaut d'information (étiquetage, notice), à une erreur d'utilisation ou de pratique. Pour y remédier, l'AFSSAPS peut demander une modification d'AMM ou de dénomination, un retrait de lot, une recommandation de bon usage, une communication auprès des professionnels de santé ou du grand public, un réétiquetage ou encore la modification d'un dispositif.
Sur Internet.
«L'implication des professionnels de santé est très satisfaisante, souligne Aude Monnerie. Ils sont demandeurs de ce genre d'outils. Les signalements rapportés sont précis et correspondent bien aux missions du guichet. Nous avons présenté aux partenaires qui ont participé à la mise en place et à l'activité du guichet des bilans réguliers sur les signalements et les actions que nous avons menées. Ce retour d'informations était important et les encourageait dans leur démarche. Depuis le 1erjanvier 2008, nous avons déjà collecté 120signalements.» Ces trois années d'expérimentation permettent à l'AFSSAPS de mettre le doigt sur les points à développer. Aussi, est-il prévu d'améliorer les outils d'enregistrement des signalements et de mettre en ligne prochainement, sur le site Internet de l'AFSSAPS, une rubrique dédiée pour faciliter la tâche des rapporteurs.
Dans cette rubrique se trouveront des renseignements sur les erreurs médicamenteuses, des informations ponctuelles, la fiche de signalement à remplir.
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