Fondation de l'enfance et Enfance et Partage

Trente ans de combat contre la maltraitance

Publié le 11/11/2007
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EN TRENTE ANS D'EXISTENCE, Enfance et Partage et la Fondation de l'enfance ont fait sortir l'enfance maltraitée de l'indifférence. Il n'est plus permis d'ignorer que, chaque année, 20 000 enfants sont victimes de sévices, de violences physiques et psychologiques, voire d'atteintes sexuelles, tandis que 80 000 autres vivent en situation de danger.
Dès 1988, Enfance et Partage prend son envol, sous l'impulsion de personnels navigants, et ouvre une ligne téléphonique, gratuite et anonyme. Le 0800.05.12.34, trois décennies plus tard, reste au cœur de ses missions avec quelque 4 000 appels annuels. En fonction de la gravité des situations, l'association effectue des signalements auprès des services sociaux ou du procureur de la République. Elle assure dans le même temps, avec ses 27 comités départementaux, des prises en charge juridiques, durant la procédure judiciaire, et psychologiques.
La Fondation pour l'enfance, présidée par Anne-Aymone Giscard d'Estaing, donne l'idée aux pouvoirs publics de mettre sur pied en janvier 1990 un autre téléphone vert, empruntant à ce qui se fait alors en Italie. L'année dernière, le 119 Allô Enfance maltraitée* a procédé à 6 500 saisines des autorités locales, concernant 11 000 enfants, la moitié d'entre eux étant inconnus des départementaux. Un peu plus de 500 mesures de justice ont été prononcées, et autant d'ordre administratif. Dotée d'un budget de fonctionnement - dont les trois cinquièmes proviennent de sociétés telles que L'Oréal, Xeros ou encore Van Cleef, et un tiers de la Nuit de l'enfance -, la Fondation pour l'enfance s'occupe par ailleurs depuis 2004 du 0810.012.014 Enfants disparus (coût d'un appel local, 2 000 appels/754 dossiers de disparition en 2006). En outre, elle a donné un coup de pouce au lancement, en 1987 à Paris, de la première crèche Enfants présents, pour les petits dont les parents sont en crise, accessible 24 h sur 24.
Enfance et Partage (2,2 millions d'euros de budget, 450 bénévoles), qui reste associée dans l'esprit du public à l'image de sa marraine Carole Bouquet (pendant une dizaine d'années), passée à La Voix de l'enfant, se veut aussi très active sur le terrain de la prévention. Elle intervient auprès des gendarmes, des policiers, des enseignants ainsi que des étudiants en médecine et en soins infirmiers. A cela s'ajoutent quelques actions dans une dizaine de pays en développement et le soutien financier de quelque 300 projets associatifs.
Dès février 2008, Enfance et Partage animera une nouvelle ligne téléphonique, Allô parents bébé. Grâce au concours d'écoutants psychologues et de sages-femmes, et d'un comité scientifique rassemblant des professeurs de médecine, Allô parents bébé apportera un soutien à la parentalité défaillante et aux femmes enceintes en utilisant le relais de la PMI, des maternités et des acteurs de la petite enfance.
La Fondation d'Anne-Aymone Giscard d'Estaing, quant à elle, sera chargée par les pouvoirs publics de gérer l'année prochaine le 116.000, consacré aux enfants disparus en Europe. Et, pour 2009, elle prévoit, d'ores et déjà, à l'occasion du 20e anniversaire de la Convention internationale des droits de l'enfant, de pointer du doigt les velléités politiques de rabaisser de 18 à 16 ans la majorité pénale**, les essais thérapeutiques sur les enfants et le traitement des mineurs sans papiers dans des zones d'attente portuaire et aéroportuaire.

* Le 119 (loi du 7 juillet 1989) s'inscrit dans le cadre d'un Groupement d'intérêt public comprenant l'Observatoire national de l'enfance maltraitée.
** La loi du 2 mars 2007 sur la prévention de la délinquance assouplit la levée du principe de l'excuse de minorité entre 16 et18 ans mise en place à la Libération.

Colloque éthique et protection de l'enfance

Enfance et Partage organise, pour son 30e anniversaire, un colloque à l'UNESCO (Paris), les 20 et 21 novembre, sur le thème « Ethique et protection de l'enfance : un engagement collectif », en partenariat avec l'Observatoire international de la justice juvénile, parrainé par la Défenseur des enfants. La Fondation pour l'enfance (tél. 01.53.68.16.50) prévoit, de son côté, de faire un point le 3 décembre sur l'évolution de la prise en charge de l'enfant maltraité.

www.colloque.enfance-et-partage.org., tél. 01.55.25.65.65.

> PHILIPPE ROY

Source : lequotidiendumedecin.fr: 8254