Lundi prochain, le Dr Patrick Gasser, président de l’Union nationale des médecins spécialistes confédérés (UMESPE-CSMF), se rendra au ministère de la Santé pour le coup d’envoi des groupes de travail installés par Marisol Touraine dans le cadre de la concertation sur la loi de santé.
Ce rendez-vous le laisse perplexe. Certes, la question spécifique de la place des spécialistes au sein des établissements a été intégrée « dans un deuxième temps » au groupe de travail sur le service public hospitalier (SPH). Mais l’essentiel des travaux sur la place de la médecine spécialisée libérale dans le système de soins a été renvoyée à une future « réflexion » sans calendrier et aux contours flous, pilotée par le Dr Yves Decalf, ancien président de la commission de hiérarchisation des actes et prestations des médecins (CHAP).
Une commission, un enterrement ?
« En tant que président de l’UMESPE, je vois que ça commence mal », juge le Dr Gasser.
« Les quatre groupes de travail annoncés [tiers payant, soins de proximité, compétences médicales, SPH] permettront, eux, de déboucher sur des amendements au projet de loi. Mais les travaux des deux missions de réflexion [médecine générale, médecine spécialisée libérale] n’auront pas vocation à s’inscrire dans la loi. En clair, c’est une commission pour enterrer la médecine libérale spécialisée », résume-t-il.
Et de lancer cette mise en garde : « Nous ne nous laisserons pas abuser par des manœuvres grossières. La réflexion sur la médecine spécialisée libérale doit être immédiatement transformée en groupe de travail, avec des moyens, et des conclusions intégrées au projet de loi présenté au Parlement. Sinon, cela s’appelle de l’enfumage ! »
Timing serré
Le calendrier est pointé du doigt alors que les premières conclusions des groupes de travail sont attendues mi-février. « La réécriture du projet de loi nécessitera une très large concertation », prévient le Dr Gasser qui réclame le report de l’examen du texte à l’Assemblée (prévu début avril). L’UMESPE n’hésitera pas à sortir des groupes de travail si la méthodologie n’est pas la hauteur des enjeux.
Après les « états généraux » de la médecine spécialisée (décembre) et la grève de Noël, « la mobilisation ne faiblit pas », assure le Dr Patrick Gasser, dénonçant les chiffres de la CNAM sur le faible impact de la grève de la télétransmission.
Malgré le positionnement de la Fédération de l’hospitalisation privée (FHP) qui a « un peu abandonné les spécialistes en négociant derrière leur dos », d’autres actions sont programmées. Outre la poursuite de la grève administrative, des actions de protestation auront lieu en région la semaine prochaine, notamment le 28 janvier. Une grève de la PDS a été décidée lors du week-end du 30 janvier au 1er février. « Les avancées ne seront possibles qu’au prix d’une épreuve de force », conclut le syndicat.
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