CLASSIQUE
Par Olivier Brunel
O N ne reviendra sur « Doux mensonges », créé en 1999 par le Ballet de l'Opéra de Paris (« Le Quotidien du Médecin » du 19 mars) que pour s'extasier sur sa distribution. Les enlacements savants et les portés acrobatiques et très originaux étaient cette fois transcendés par les deux couples Fanny Gaïda et Manuel Legris, Delphine Moussin et Nicolas Le Riche sur les madrigaux de Gesualdo et Monteverdi chantés à la perfection a cappella par un groupe de huit chanteurs costumés comme les danseurs sortant de trappes scéniques.
« Bella Figura », qui clôt ce programme, avait été créée sur la même scène en 1997 par les danseurs du Nederlands Dans Theater. Il entre au répertoire du Ballet de l'Opéra de Paris et l'on se réjouit à l'avance de revoir souvent cette fresque construite sur un montage de musiques baroques, figurant une succession d'ensembles constamment imaginatifs.
Même si les danseurs sont un peu perdus sur la grande scène vide et si le montage musical est parfois glacial, on ne peut que rester admiratif devant la rigueur de la construction d'ensemble - la pièce dure trente minutes - et l'humour, donnée constante chez Kyli[135]n, qui intervient autant dans un détail d'un duo très abstrait réglé sur le « Stabat Mater » de Pergolèse que dans la totalité d'un ensemble pétillant sur le sautillant « Concerto pour deux mandolines » de Vivaldi.
Mais le très grand Kyli[135]n, celui qui réussit, partant du minimalisme à faire l'immensité, le Kyli[135]n de « Sechs Tänze/Petite mort » sur Mozart, de « Symphony in D » sur Haydn, c'est dans « Stepping Stones », sur un montage convoquant des pièces pour piano préparé de John Cage et les « Six bagatelles » pour quatuor à cordes d'Anton Webern, qu'on l'a retrouvé. Peu importe que ces Stones soient les pierres d'un gué ou d'un chemin initiatique. L'insolite du décor avec ses trois chats égyptiens et les petites reproductions de statues que véhiculent les huit danseurs à bout de bras ou entre leurs jambes, tout comme leurs maillots de baigneurs, restent anecdotiques devant la constante invention d'une chorégraphie à la fois virtuose et athlétique.
Des déhanchements savamment dosés sur les syncopes de la musique, un travail constant de rotation des bras, une coordination périlleuse avec le minimalisme de Cage et de Webern semblent un travail d'horloger suisse auquel se plient José Martinez, Marie-Agnès Gillot, Aurélie Dupont, Agnès Letestu et les plus jeunes Benjamin Pech et Guillaume Charlot avec beaucoup d'enthousiasme.
Opéra-Garnier (08.36.69.78.68). Prochain spectacle du Ballet : « Nosferatu » de Jean-Claude Gallotta, salle Bastille les 12, 15, 18 et 21 mai à 19 h 30.
Verdi dans la collection « Références-EMI » : pour amateurs éclairés
E N cette année commémorative, l'éditeur phonographique EMI consacre l'intégralité des publications de sa collection d'archives sonores « Références » à Giuseppe Verdi avec quatre opéras et son Requiem et comme têtes d'affiches Boris Christoff, Tito Gobbi et Beniamino Gigli. Pour amateurs éclairés.
On entre de plain pied dans la légende avec l'enregistrement monophonique de 1957, ancêtre des versions de studio de « Simon Boccanegra ».
De cette sombre histoire de basses et de barytons, Gabrielle Santini fait un véritable opéra politique avec des climats de conspiration et de haine. Tito Gobbi et Boris Christoff, deux des voix sombres les plus célèbres de l'après-guerre, rivalisent de noirceur et Victoria de Los Angeles flotte au-dessus des complots avec une voix élégiaque, d'une beauté exotique. Historique !
Les trois autres opéras, quoique pas du même niveau, possèdent chacun leur intérêt historique.
Le « Don Carlos » de 1954 s'impose pour le duo Christoff-Gobbi dans Le Grand Inquisiteur et Philippe II, « Aïda », de Tullio Serafin en 1946 à Rome, a comme atouts principaux Ebe Stignati en Amneris et Gigli en Radamès, et « Un ballo in maschera », de 1943, Fedora Barbieri en Ulrica et toujours Gigli.
En revanche, le « Requiem » de Serafin à Rome en 1939 réunit Gigli et Ezio Pinza, Maria Caniglia et Ebe Stignani. On n'atteint pas à la grandeur des interprétations toscaniniennes mais on y trouvera un ton, un souffle qui justifient cette réédition.
Quatre coffrets de 2 CD (3 CD pour Don Carlos) EMI « Références ».
Les Introuvables du chant verdien
Amateurs d'archives sonores et d'histoire du chant, cette anthologie de presque dix heures d'un demi-siècle de chant verdien est pour vous. Pour qui ne craint pas d'écouter une voix derrière un souffle, voire un feu de cheminée, cette collection d'airs verdiens parue en microsillon en 1986 et rééditée très à propos pour l'année Verdi en huit CD offre bien des bonheurs.
Celui d'entendre Maurel, le créateur de « Falstaff » dans ce rôle, mais accompagné au piano, n'est pas le moindre. Et les voix de Enrico Caruso, Margarete Klose, Emmy Destinn, Frida Leider, Beniamino Gigli, Maria Cebotari. Encore une fois pour amateurs très éclairés.
EMI. 1 coffret de 8 CD ADD mono. Enregistrements de 1903 à 1953.
« Roméo et Juliette » à Toulouse
Le Ballet du Capitole de Toulouse reprendra « Roméo et Juliette » de Prokofiev dans la chorégraphie de John Cranko, qui, grâce à une très fine analyse psychologique des personnages et à une lisibilité toujours parfaite, marie émotion et énergie. Nouvelle distribution avec le Roméo de l'Italien Luca Masala et Evelyne Spagnol en Juliette.
Théâtre du Capitole (05.61.63.13.13), les 10, 11 et 12 mai à 20 h 30 ; les 12 et 13 mai à 15 h. Prix des places : de 60 à 200 F.
Hommage à Luciano Berio
Du 18 au 20 mai, l'Orchestre national de Lyon rendra hommage au compositeur italien Luciano Berio, en sa présence, avec quatre concerts placés sous la direction de Graziella Contratto et de David Robertson.
Auditorium de Lyon (04.78.95.95.95). Prix des places : de 35 à 150 F.
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