Le Dr James Grifo, un endocrinologue de la faculté de médecine de l'université de New York, a annoncé avoir obtenu, en collaboration avec des médecins chinois, une première grossesse par transfert nucléaire chez une jeune femme stérile de 30 ans. Ce spécialiste en endocrinologie avait déjà fait parler de lui en 1997 (« le Quotidien » du 23 juillet 1997 et du 15 octobre 1998) en annonçant qu'il cherchait à obtenir des grossesse par transfert de noyau. Cette technique a été développée afin de permettre à des femmes dont les ovules sont déficients mais les gènes sains, de pouvoir concevoir un enfant. La manipulation entreprise a consisté à aspirer le noyau d'un ovule d'une femme infertile et de l'introduire dans un ovule de donneuse préalablement débarrassé de son noyau. L'oeuf a ensuite été mis en contact avec le noyau d'un spermatozoïde paternel et il a été soumis à une électrofusion (mise en présence d'un champ électrique qui favorise la fusion des noyaux), une technique largement utilisée pour le clonage animal. Le patrimoine génétique du foetus ainsi créé provient du père et de la mère, mais l'ADN mitochondrial, pour sa part, relève exclusivement de la donneuse. Le Pr Grifo assure néanmoins que dans la grossesse double obtenue - qui n'a pu être menée à terme - l'analyse du patrimoine génétique des foetus était strictement superposable à celui des parents. Pour le chercheur américain, « la méthode utilisée ne provoque pas de mélange d'ADN avec le patrimoine génétique de la donneuse d'ovule ». Néanmoins, cette affirmation doit être pondérée dans la mesure où l'on sait que si les gènes mitochondriaux ne paraissent pas influencer les traits physiques ou psychologiques, ils pourraient jouer un rôle à long terme dans la physiologie ou le développement de certaines pathologies (des formes de diabète par exemple).
Dans ce travail, le Dr Grifo et ses collaborateurs de l'université de Sun Yat-Sen à Canton ont procédé à plusieurs tentatives de transfert nucléaires. Ils sont parvenus à produire sept zygotes dont cinq sont arrivés au stade 4 après 48 heures de maturation et qui ont alors été inséminés dans l'utérus de la patiente de 30 ans. Une grossesse de triplés viables (existence de battements de coeur) a été obtenue ; au 33e jour, le Dr Grifo a pratiqué une réduction d'embryons pour permettre une grossesse gémellaire plus simple à gérer. A 24 semaines, le premier ftus a dû être accouché en raison d'une rupture prématurée des membranes. Il est mort dans les jours suivants d'une insuffisance respiratoire. Le second foetus a été perdu à 29 semaines.
Lors d'une conférence de presse qui s'est tenue à San Antonio, le Dr Grifo a contesté le parallèle établi entre sa technique et le clonage. Mais il a concédé que le transfert nucléaire « reste l'un des éléments indispensables du clonage ».
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