Tranquillisants : les patients dépassent les doses

De notre correspondant
Entre juin 1999 et janvier 2000, l'URCAM et le
Service médical d'Alsace et de Moselle ont étudié, à partir de questionnaires adressés aux médecins et de suivi des ordonnances, la consommation de Tranxène 50 mg, de Nordaz 15 mg et de Rohypnol 1 mg de 587 patients de la région. Grâce à la forte participation des médecins, qui ont été 77 % à répondre à l'étude, ce travail a permis de définir les consommateurs types de ces produits, mais aussi de souligner quelques problèmes d'observance, aggravés par le nomadisme médical des patients.
L'étude montre que toutes les ordonnances établies par les médecins sont « en règle » en matière de posologie et de durée du traitement et que la délivrance par les pharmaciens est conforme pour plus de 96 % à la prescription initiale. Toutefois, chaque consommateur consultant en moyenne de 1,6 à 2,9 médecins pour les mêmes troubles - le record étant de 21 médecins pour un seul patient -, les quantités finalement distribuées dépassent nettement les recommandations initiales de consommation. Un tiers des patients dépassent ainsi la posologie journalière maximale et la moitié d'entre eux la durée de traitement recommandée. Si, comme ailleurs, les consommateurs de tranquillisants sont majoritairement féminins, ce sont les hommes jeunes qui dépassent le plus fréquemment les posologies prescrites et qui sont fort logiquement les plus concernés par les problèmes de dépendance à ces médicaments.
Globalement, la consommation par assuré en Alsace est inférieure de 20 % à celle relevée au niveau national, même si les médecins de la région, lorsqu'ils prescrivent ces médicaments, le font « fortement », selon les caisses. Enfin, l'étude montre que ces traitements ont été prescrits en majorité par des spécialistes hospitaliers ou libéraux et sont ensuite le plus souvent renouvelés par les médecins généralistes.
Denis DURAND DE BOUSINGEN