L’hypertrophie bénigne de la prostate toucherait un homme sur deux entre 60 et 69 ans. Avec l’âge, le volume de la prostate augmente naturellement et peut provoquer des troubles urinaires. Les symptômes obstructifs ou irritatifs sont souvent gênants mais beaucoup d’hommes tardent à consulter mettant cela sur le compte de l’âge et devenant résignés.
Tenir compte des comorbidités
« En ce qui concerne le diagnostic, il est important chez les personnes âgées de tenir compte de la présence de comorbidités. Un senior est un patient polypathologique (5 en moyenne). Il ne faudrait pas méconnaître une maladie de Parkinson, par exemple », souligne le Pr François Desgrandchamps (Hôpital Saint-Louis, Paris). Les anticholinergiques sont dans ce cas contre-indiqués car ils augmentent le risque de démence et aggravent les troubles neurologiques.
Un diabète ancien et sévère peut aussi entraîner une atonie vésicale avec des mictions longues et difficiles. La prescription de diurétiques en cas de maladie cardiovasculaire peut également entraîner une pollakiurie en fonction de l’heure de prise… Le dosage du PSA a sa place dans le bilan initial, mais on sait bien qu’il n’existe pas de PSA normal.
Associer les différentes classes médicamenteuses
De nombreux traitements efficaces existent. D’abondantes données récentes de la littérature ont profondément modifié la conception du traitement médical de l’HBP. Le traitement médical n’est désormais plus seulement symptomatique puisqu’il permet de réduire le risque d’aggravation de la maladie et diminue le risque de rétention aiguë d’urine.
Les bénéfices apportés par l’association de plusieurs classes thérapeutiques de mode d’action différent sont aujourd’hui confirmés, par rapport à la monothérapie, à la lumière de plusieurs études (MTOPS, COMBAT…). C’est ainsi que l’on peut associer un alpha-bloquant (doxazosine, tamsulosine) et un inhibiteur de la 5 alpha réductase (finastéride, dutastéride). Ces associations permettent de réduire en moyenne de 25 % le risque de complications et d’opération.
L’association alpha-bloquant et anticholinergique est aussi utile si le résidu est inférieur à 200 ml et en présence de troubles irritatifs.
« Enfin, pour améliorer la libido et la vie sexuelle des patients, on peut également associer un alpha-bloquant et inhibiteur de la phosphodiestérase 5. Toutes les études concordent : il n’y a pas d’effet sur le débit mais cette association permet d’améliorer les symptômes urinaires et les performances sexuelles », précise le Pr François Desgrandchamps.
« Un nouvel alpha-bloquant est aujourd’hui mis à notre disposition en France, la silodosine. Cette molécule élargit l’éventail médicamenteux. Elle semble intéressante dans la tranche des seniors car les études ont montré moins d’effets secondaires. »
Le traitement chirurgical s’adresse aux échecs ou intolérances au traitement médical et aux complications évolutives. Lorsque la prostate est grosse (› 60 g) la chirurgie ouverte traditionnelle donne les meilleurs résultats.
Pour les petites prostates (< 50 g) la résection électrique standard monopolaire donne de bons résultats. Les alternatives, laser ou vaporisation bipolaire marchent moins bien. Enfin, le traitement par radiofréquence est intéressant.
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