LES PARTICIPANTS de la Journée du noma vont d'abord faire le point sur la recherche étiologique de la maladie. Quelles sont les bactéries qui jouent un rôle dans l'apparition de cette infection gangrenante du visage rencontrée principalement en Afrique subsaharienne, entre Sénégal et Éthiopie, dans une région connue, justement, sous le nom de « ceinture du noma » ? Mortel dans 80 % des cas, le noma frappe chaque année entre 90 000 et 450 000 enfants de moins de 6 ans (données OMS), les survivants gardant des séquelles faciales importantes qui les condamnent souvent à vivre exclus de la société pour le restant de leur vie. «On a dit et répété que le noma était la maladie de la misère, de la pauvreté et de la malnutrition, souligne le Pr Denys Montandon, président du comité scientifique, mais cela ne suffit pas. Pour la combattre, il faut absolument aller plus loin dans nos connaissances et déterminer dans quel terrain environnemental la maladie peut se développer, et avec quels signes prémonitoires. Le point des recherches étiologiques et bactériologiques nous apprendra quels germes sont incriminés pour déterminer le traitement initial le plus approprié.»
La chirurgie plastique et réparatrice sera aussi à l'ordre du jour scientifique, avec l'évocation de l'Opération sourire que mènent les équipes de Médecins du monde depuis 1990.
L'accent sera également mis sur l'information du public et spécialement sur celle des jeunes. Une plate-forme de communication symbolisée par un village africain abordera les thèmes de la prévention et du dépistage, des soins médicaux et chirurgicaux, ainsi que de la prise en charge sociale. Un forum consacré aux adolescents accueillera deux jeunes Burkinabés qui ont vécu l'épreuve de la maladie.
Mieux connu, le noma pourrait bénéficier d'une prévention secondaire simple : quelques bains de bouche désinfectants et une dizaine de jours d'antibiothérapie permettent d'obtenir la guérison. Encore faut-il réagir au stade où seule la gencive est atteinte. Après la gingivite non traitée, en une quinzaine de jours un oedème du visage apparaît, qui aboutit à la destruction des tissus mous et des tissus osseux, laissant des trous béants dans la face, bloquant les mâchoires et empêchant une alimentation et une respiration normales.
Médecins du monde et l'Opération sourire.
Les organisateurs de la Journée du noma veulent donc sensibiliser la communauté internationale à un fléau qui reste méconnu dû à la conjonction de plusieurs facteurs : manque d'hygiène, notamment bucco-dentaire, malnutrition, qui induit une baisse des défenses immunitaires et suites de maladies infectieuses comme la rougeole, le paludisme ou le VIH/sida. La situation des enfants martyrs est exacerbée par les conditions de vie dans les pays ravagés par la pauvreté extrême : difficultés de l'accès aux soins, proximité du bétail, ignorance de la communauté qui pense être frappée d'une malédiction et qui stigmatise les survivants.
Le combat contre le noma n'en est qu'à ses débuts, l'Asie et l'Amérique latine ne bénéficiant à ce jour d'aucun programme de lutte, malgré la résolution adoptée par l'Assemblée mondiale de la santé en mai 2007. La journée du Noma a été fixée stratégiquement au milieu de la semaine où, dans le même palais des Nations, à Genève, se réunit l'assemblée de l'OMS, pour faciliter la sensibilisation des délégués du monde entier à une maladie que trop d'entre eux ignorent encore.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature