SOUS LA FORME d'« hypersignaux de la substance blanche » objectivés sur les clichés d'IRM, des taches de faible volume parsèment le cerveau de la plupart des hypertendus (TA supérieure à 14/9) âgés. Les spécialistes tendent à les considérer désormais comme des petites lésions correspondant à autant d'« infarctus silencieux ».
Si ces lésions ne semblent pas avoir une traduction clinique immédiate, comme pourrait en avoir un AVC, elles ont été associées à des perturbations cognitives. L'atteinte progressive des petits vaisseaux cérébraux augmente de manière certaine le risque de démence et de troubles moteurs.
IRM-PROGRESS.
L'étude IRM-PROGRESS, dirigée par Christofer Tzourio (Inserm U708, hôpital de la Pitié-Salpêtrière), a été menée en coopération avec des chercheurs français dans le cadre du programme PROGRESS (Perindopril pROtection aGainst REcurrent Stroke Study), qui est une grande étude clinique où plus de 6 000 patients ont été inclus. Les résultats de PROGRESS démontrent l'intérêt d'un traitement abaissant la tension artérielle après un premier AVC.
Dans l'étude IRM-PROGRESS, les chercheurs ont réalisé chez 192 patients français inclus (dans dix hôpitaux), deux IRM à trois ans d'intervalle : une à l'inclusion et l'autre après trente-six mois de suivi. L'évolution des hypersignaux a été suivie en séparant les patients qui ont ou n'ont pas de traitement de l'HTA. Les traitements ont consisté soit en une association d'antihypertenseurs (un inhibiteur de l'enzyme de conversion, le périndopril, associé à un diurétique, l'indapamide), soit un antihypertenseur seul (périndopril), soit un placebo.
On a utilisé des techniques d'analyse d'image permettant une superposition exacte des deux IRM afin de détecter et de mesurer très précisément les nouvelles lésions apparues au bout de trois ans.
Les petits vaisseaux cérébraux.
Les résultats publiés dans la revue américaine « Circulation » montrent clairement et pour la première fois que la réduction de la tension artérielle chez les hypertendus permet d'arrêter ou de ralentir l'atteinte des petits vaisseaux cérébraux.
En effet, lors de la deuxième IRM, parmi les patients traités chez lesquels une baisse de 11,3 mmHg de la PAS et de 4,3 mmHg de la PAD ont été obtenues, on ne trouve que 34 patients qui ont développé de nouvelles lésions de la substance blanche, ce qui correspond à une réduction de 43 % du risque comparativement au groupe placebo.
Bien que ce résultat ne soit pas tout à fait significatif (p = 0,17), du fait du nombre insuffisant de patients, il se révèle très prometteur.
D'autant que l'on s'est aussi aperçu que le volume des nouvelles lésions est significativement réduit dans le groupe sous traitement (0,4 mm) comparativement au groupe placebo (2 mm ; p = 0,012).
Un fait intéressant souligné par les investigateurs est que l'efficacité du traitement est particulièrement nette chez les patients qui avaient un nombre important de lésions lors de l'entrée dans l'étude. Ce sont ceux qui, a priori, sont le plus exposés au risque de déclin cognitif et de démence.
Etude publiée le 6 septembre 2005 dans « Circulation ».
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