DE NOTRE CORRESPONDANTE
LES PROMOTEURS DE PREMEVA (Prévention de l’accouchement prématuré par la recherche et le traitement de la vaginose bactérienne) ont choisi le Nord - Pas-de-Calais comme terrain d’étude en raison de la forte prévalence de la grande prématurité. D’après l’enquête Epipage de 1997, celle-ci atteignait 1,7 % des grossesses dans ces deux départements, contre 1,4 % au niveau national, ce qui concerne 1 000 enfants chaque année.
«Or le lien entre vaginose bactérienne et prématurité est clairement établi, constate le Pr Damien Subtil, obstétricien à l’hôpital Jeanne-de-Flandre (Lille) et investigateur principal de l’enquête. Et il est d’autant plus fort que la vaginose est précoce. Pour prévenir une partie de la très grande prématurité, on pense aujourd’hui qu’il faut agir très tôt, au moment où se développent les germes qui vont se déplacer jusqu’aux membranes et déclencher une réaction inflammatoire.»
Dépistage gratuit.
Afin de vérifier cette hypothèse, les promoteurs de l’étude Premeva vont dépister 80 000 femmes enceintes du Nord - Pas-de-Calais. Les femmes ayant des antécédents d’accouchement prématuré se verront proposer une cure ou trois cures d’antibiothérapie. Les autres feront l’objet d’un essai en double aveugle : une partie se verra administrer une cure d’antibiotique, une autre trois cures et un troisième groupe un placebo. L’antibiotique prescrit sera financé par les Laboratoires Pfizer.
Cette étude permettra de vérifier l’intérêt d’une prescription précoce de clindamycine. C’est le premier essai randomisé d’une telle ampleur organisé en France. Mené conjointement par le Chru de Lille et le groupe hospitalier de l’université catholique de Lille, il associe 175 laboratoires d’analyses privés et publics, et 40 maternités. Durant trois ans, toutes les femmes enceintes de moins de 13 semaines se verront proposer systématiquement un dépistage gratuit de la vaginose par autoprélèvement. Le pourcentage de tests positifs oscillant entre 5 et 10 %, ce sont environ 3 600 femmes qui devraient être incluses dans l’étude.
Une étude de faisabilité menée en 2004 dans deux laboratoires privés a montré un taux d’acceptabilité du test assez élevé, à hauteur de 86 %. Les acteurs de Premeva escomptent donc une forte participation des patientes. En revanche, il est possible que la prescription de clindamycine suscite une certaine réticence chez les généralistes. Ce médicament, le plus prescrit dans les pays anglo-saxons pour la vaginose, n’a pas les faveurs des praticiens français. L’Afssaps (Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé), elle-même, incite les médecins à la prudence dans l’utilisation de cet antibiotique durant la grossesse.
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