LE QUOTIDIEN
« Les Bébés de l'espoir » est un ouvrage que vous avez voulu très pédagogique.
Dr JOËLLE BELAISCH-ALLART
C'est un livre destiné au grand public. Au début de la FIV (fécondation in vitro), un certain nombre de livres y avaient été consacrés par les grands pionniers de la technique. Mais alors que ce domaine évolue extrêmement rapidement, nous nous sommes aperçus qu'aucun ouvrage récent n'existait à ce sujet. Au centre de Sèvres, où nous organisons des réunions d'information une fois par mois, nous avons constaté que beaucoup de patients étaient à la recherche de renseignements actuels.
Q-Quelles ont été les principales avancées en matière de traitement de l'infertilité ?
En dehors du chapitre qui explique ce qu'est l'infertilité féminine, tout a changé. Pour les hommes, il s'agit d'un bouleversement. Il y a quelques années, il n'existait que très peu de moyens pour combattre la stérilité masculine, excepté le don de sperme. Aujourd'hui, les patients peuvent recourir à la micro-injection intracytoplasmique (ou ICSI), méthode qui est proposée lorsque les paramètres spermatiques sont insuffisants pour permettre la fécondation avec les techniques d'insémination conventionnelle. De même, on peut aujourd'hui procéder à une biopsie testiculaire même si le taux de la FSH est élevé. Pour les femmes, la FIV, qui a été à l'origine mise au point pour pallier le problème tubaire, est également indiquée pour les stérilités idiopathiques. Les indications tubaires représentent maintenant moins de 50 % des cas de FIV. Tous les traitements ont changé. En 1982, les patientes étaient hospitalisées huit jours pour une FIV alors que maintenant elles sont suivies en hospitalisation de jour. A travers ce livre, nous avons voulu expliquer aux patients ce qu'ils allaient vivre concrètement.
Q-L'information est primordiale dans ce domaine.
Je dirais que c'est le même principe que les cours de préparation à l'accouchement. Nous devons éclairer les patients et leur simplifier la vie. Dédramatiser et démystifier sont les deux mots-clés.
Q-Au dos de l'ouvrage, l'éditeur parle d'
« un livre qui fait le point sur la formidable et douloureuse aventure de la lutte contre la stérilité ».Est-ce vraiment un chemin douloureux ?
Je n'aurais pas choisi le terme « douloureux ». Mais ce n'est pas si facile : il s'agit vraiment d'une perturbation dans la vie d'une femme. Le chapitre XV, intitulé « Et après... », me paraît très important. Il faut savoir qu'un couple sur deux repart malheureux d'un centre. Nous n'avons pas de baguette magique. On ne comprend pas tout et il n'y a souvent pas de justice entre les couples infertiles. Pour nous, savoir qu'une femme est enceinte représente toujours une victoire. On ne s'en lasse pas. Si l'on sait procéder à la stimulation de l'ovulation, ponctionner des follicules pour le recueil ovocytaire, mettre en contact l'ovocyte avec les spermatozoïdes et transférer des embryons dans l'utérus, on ne connaît toutefois pas le mécanisme de l'implantation, qui reste un mystère entier.
Q-Vous insistez sur le fait qu'on ne peut pas juger de la qualité d'un centre de fécondation in vitro par ses résultats globaux.
En effet, on ne peut pas effectuer de palmarès. Il faut tenir compte de l'âge des patients, du taux d'embryons congelés, etc. Il suffit qu'un centre ne prenne pas ou très peu de femmes de plus de 38 ans et qu'un autre les accepte jusqu'à 42 ans pour qu'il y ait un écart artificiel entre ces deux centres, alors qu'une femme d'âge moyen de 34 ans y aurait les mêmes chances.
Q-Quel est l'avenir des traitements de l'infertilité ?
Notre rêve à tous est d'améliorer l'implantation des embryons. Mais cela n'est pas possible pour le moment. Par ailleurs, étant donné que le don d'ovocyte reste très difficile en France, l'idéal serait également d'avoir moins d'ovocytes mais qu'ils soient les bons. Dans le domaine de l'infertilité, les progrès sont rapides. Il y a dix ans, un homme qui avait très peu de spermatozoïdes ne pouvait pas concevoir d'enfant. Pour moi, la micro-injection est le progrès du siècle.
* « Les Bébés de l'espoir », Editions Eska, Paris, 2001, 205 pages, 129 F.
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