Jusqu'à présent, les infectiologues considéraient que le pronostic des patients infectés par le VIH1 mis sous traitement antiviral de type HAART était associé de façon très significative à la numération des CD4 en phase préthérapeutique. D'autres facteurs tels que l'âge, l'apparition d'un sida et l'existence d'infections en rapport avec une toxicomanie par voie intraveineuse semblaient aussi influer de façon notable sur le pronostic à moyen terme.
En se fondant sur l'analyse de ces facteurs pronostiques et en prenant en compte 13 études cliniques, des experts internationaux réunis dans l'association Cohorte ART estiment que la probabilité d'être atteint d'un sida ou de décéder dans les trois ans qui suivent la mise en place d'un traitement HAART est comprise entre 3,4 et 50 %. C'est pour affiner ce chiffre que les experts ont procédé à une nouvelle étude visant à préciser l'influence des variations du taux des CD4 et de la charge virale dans les six premiers mois du traitement sur le pronostic à moyen terme.
Treize études de cohorte ayant eu lieu en Europe et en Amérique du Nord ont été prises en compte. Au total, ces travaux incluaient 9 323 adultes naïfs de tout traitement et chez qui un HAART, comprenant au moins 3 molécules distinctes, avait été mis en place entre le début de 1997 et le mois de juin 1999. Au cours de ce suivi (soit 13 408 patients/années), 152 patients sont décédés et 874 ont développé un sida.
« La mesure du taux des CD4 à six mois apparaît comme un marqueur très sensible du pronostic puisque, lorsque cette valeur était inférieure à 25, le risque de décès ou de sida était de 55 % au cours des 3 années de suivi. Des taux de CD4 compris entre 25 et 49, 50 et 99, 100 et 199, 200 et 349 ou supérieurs à 350 étaient associés respectivement à un risque de 62, 42, 25 et 18 % », analysent les auteurs.
Pronostic à trois ans
L'étude de la charge virale à six mois est, elle aussi, significativement associée au pronostic à trois ans : à plus de 100 000 copies correspond un risque de 59 %, entre 10 000 et 99 999 copies il est de 59 %, entre 500 et 9 999 il est de 42 % et à moins de 500 copies il est de 29 %.
Les investigateurs soulignent que « le taux des CD4 et la charge virale au moment de la mise sous traitement n'étaient pas associés de façon significative aux variations de ces valeurs après six mois de traitement ».
Globalement, la prise en compte du taux de CD4 et de la charge virale six mois après la mise sous HAART permet d'estimer de façon fiable le pronostic à trois ans : dans le groupe à bas risque, l'incidence des décès ou des sidas était de 2,4 %, alors qu'elle était de 83 % dans le groupe à haut risque.
« The Lancet », vol. 362, pp. 679-686, 30 août 2003;
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