Rarissime chez les professionnels de haut niveau, le « tennis elbow » survient essentiellement chez les joueurs de tennis entre 40 et 50 ans. Comme le rappelle le Pr Jacques Rodineau, médecin de médecine physique, hôpital Pitié-Salpêtrière, Paris, « le traitement d'une épicondylite ne peut être envisagé que s'il s'agit d'un véritable "tennis elbow", défini comme une tendinopathie localisée au deuxième radial et non pas n'importe quelle douleur externe du coude. Et ce d'autant plus que de nombreuses autres causes peuvent être impliquées, notamment des pathologies articulaires au niveau huméro-radial et neurologiques au niveau de la branche postérieure du nerf radial ». C'est à partir d'une analyse de la littérature de ces dix dernières années que le Pr J. Rodineau a dégagé les principales données actuelles concernant le traitement de l'épicondylite.
Tous les auteurs considèrent que si le repos est une mesure importante, il ne doit plus être absolu, mais relatif, sous peine d'aller à l'encontre de l'effet recherché, qui est la cicatrisation du tendon. Ce repos relatif consiste à autoriser une activité sportive ou professionnelle à condition qu'elle n'aggrave pas la douleur.
Les AINS dans les formes récentes et aiguës
« Les AINS, toujours utilisés dans les thérapeutiques médicamenteuses, ont un effet intéressant, mais uniquement dans les formes récentes et aiguës, précise le Pr J. Rodineau. Leur prescription est inutile passée cette phase, et la durée habituelle du traitement anti-inflammatoire est de l'ordre de 8 à 10 jours. Par ailleurs, des travaux récents ont montré la nécessité de réhabiliter les techniques d'ionisation avec des AINS, en complément du traitement anti-inflammatoire par voie générale. Et une étude intéressante menée sur l'ionisation avec du diclofenac montre un résultat supérieur à celui d'une ionisation sans AINS. »
Un autre mode thérapeutique habituellement prescrit consiste en l'application de topiques anti-inflammatoires qui doivent être réservés aux formes douloureuses inflammatoires. Ils peuvent être utilisés en complément du traitement anti-inflammatoire par voie générale, avec de préférence le même AINS. En outre, le pansement occlusif semble présenter un plus grand intérêt que l'application locale seule. En pratique, conseille le Pr J. Rodineau, « une application locale peut être recommandée pour la journée et un pansement occlusif pour la nuit ».
Repos impératif après infiltration
Des études anglo-saxonnes convergent pour dire que les infiltrations locales de corticoïdes sont très controversées. Le premier problème posé est la durée de leur effet : il est toujours passager, avec une amélioration souvent spectaculaire pendant une quinzaine de jours et un retour à la situation initiale entre 6 semaines et 3 mois après, avec parfois même une aggravation. La plupart des auteurs déconseillent formellement de l'effectuer en première intention. Quant à la technique d'infiltration, il semble que l'infiltration effectuée en péri-tendineux, c[212]est-à-dire simplement au contact du tendon, soit aussi efficace que de perforer le tendon. Enfin, certains auteurs soulignent la nécessité d'imposer un repos prolongé (de 6 semaines à 2 mois) après une infiltration locale de corticoïdes et surtout d'éviter de répéter les infiltrations. « Après une première infiltration, remarque le Pr Rodineau, il convient de revoir le patient au bout de 8 à 10 jours afin de vérifier le résultat de l'infiltration et d'expliquer au patient que ce type de traitement, assez délétère pour le tendon, nécessite un repos impératif. »
La rééducation en deux temps
« Les massages transverses profonds doivent être effectués à bon escient, souligne le Pr J. Rodineau. D'une part, la douleur doit siéger non pas sur l'épicondyle, mais sur le tendon, à environ 1 cm de l'épicondyle. D'autre part, il est nécessaire de s'assurer par une radiographie de l'absence de calcifications tendineuses qui, le cas échéant, sont une contre-indication à cette technique. Trois séances par semaine sont nécessaires et un soulagement doit être rapidement obtenu : un effet positif est attendu après 5 ou 6 séances. La rééducation est fondée sur un travail musculaire en premier lieu statique (contre résistance manuelle), suivi d'un travail dynamique, tout d'abord concentrique (raccourcissement du muscle), puis excentrique (allongement du muscle). L'intensité de ce travail musculaire sera adaptée aux réponses du patient de façon à ne pas réveiller une douleur, hormis un certaine "sensibilité" en fin de séance. »
Il est clair que si la technique de massage est inefficace ou si l'indication est mal posée, l'effet sera négatif au bout de 5 à 6 semaines, auquel cas, il est nécessaire d'arrêter les séances. En revanche, si le patient est amélioré après ce laps de temps, il est possible de les poursuivre sans jamais dépasser 10 à 12 séances. Le recours à un petit brassard « anti-tennis elbow » au tiers supérieur de l'avant-bras est parfois utile. Tous les travaux récents insistent sur la place de la rééducation en complément de tous les traitements. En effet, seule cette méthode permet une véritable cicatrisation du tendon avec une amélioration de sa qualité anatomique et de ses capacités fonctionnelles.
D'après un entretien avec le Pr Jacques Rodineau, médecin de médecine physique, hôpital Pitié-Salpêtrière, Paris, et professeur associé au Collège des médecins des hôpitaux de Paris.
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