UNE ÉQUIPE d'immunologistes américains a décrypté le mécanisme moléculaire grâce auquel le système immunitaire est alerté de la présence de virus de l'hépatite C (VHC) dans l'organisme. Ce mécanisme pourrait être détourné et utilisé pour stimuler l'immunité antivirale innée.
Lorsque Michael Gale et son équipe de l'université de Washington (Seattle) ont démarré leur étude, il était déjà établi que les cellules de mammifères possèdent un récepteur, RIG-1, capable de reconnaître le VHC par l'intermédiaire de séquences génomiques spécifiques du virus. L'interaction entre RIG-1 et ce ou ces motifs conduit à l'activation d'une voie de signalisation cellulaire qui va, elle-même, déclencher la production d'interférons.
Les chercheurs américains ont recherché la région précise du génome du VHC impliqué dans ce processus, une région nommée PAMP, pour « Pathogen-Associated Molecular PatternS » (motif moléculaire associé au pathogène).
Des fragments du génome du virus de plus en plus petits.
Pour ce faire, les chercheurs ont travaillé in vitro, dans des cellules hépatiques immortalisées. Ils ont introduit des fragments du génome du virus de plus en plus petits dans les cellules et recherché ainsi par tâtonnement la portion de matériel génétique responsable du déclenchement de la voie des interférons.
Cette stratégie les a conduits à l'identification d'un motif polyuridinique, localisé à l'extrémité 3' du génome du virus, dans une région non codante. Le motif en question est présent dans le chromosome d'ARN du VHC ainsi que dans son intermédiaire ADN de réplication. En interrogeant les banques de données, Gale et ses collaborateurs ont découvert qu'il est également porté par d'autres virus à ARN tels que ceux de la rage, de la rougeole ou encore Ebola.
«Ces observations expliquent pourquoi 25% ou plus des sujets exposés au VHC parviennent à se débarrasser du virus au stade aigu de l'infection. Elles expliquent aussi pourquoi les infections chroniques ne peuvent se produire que si le virus arrive à échapper à l'immunité innée, en ciblant des acteurs de la voie RIG-1 à l'aide de sa protéase», notent les auteurs. «Des substrats capables d'interagir avec RIG-1 pourraient fournir de nouveaux outils thérapeutiques, capables de stimuler l'immunité innée et permettant ainsi d'améliorer les traitements antiviraux se fondant sur l'administration d'interférons», ajoutent-ils en conclusion de leur étude.
T. Saito et coll., « Nature », édition en ligne avancée.
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