ANNIE PROULX, l’auteur, a aimé l’adaptation cinématographique de sa nouvelle (Editions Grasset). Le jury du Festival de Venise a attribué au film sa récompense suprême, le lion d’or. La presse étrangère d’Hollywood, qui décerne les golden globes, et dont les choix sont souvent confirmés par des oscars, l’a récompensé quatre fois : meilleur film dramatique, meilleur réalisateur (Ang Lee), meilleur scénario (Larry McMurtry et Diana Ossana), meilleure chanson originale (« A love that will never grow old », interprétée par Emmylou Harris).
Une telle pluie de lauriers est-elle méritée ? Sans doute. Même si le politiquement correct a joué dans l’enthousiasme pour cette histoire d’amour de deux hommes, très classique et un peu longue (2 heures 14). En recevant son globe doré, le réalisateur a ainsi pu se réjouir du «pouvoir des films de changer la façon de penser des gens».
Né à Taïwan, Ang Lee est installé aux Etats-Unis depuis 1978. S’il ne renie pas ses origines, comme en témoignent « le Garçon d’honneur », « Sucré, Salé » ou « Tigre et Dragon », il n’en est pas moins à l’aise dans les sujets anglo-saxons (« Raison et Sentiments », « The Ice Storm », entre autres). Et s’il s’est amusé en mettant en scène « Hulk », il ne pouvait qu’être ému par l’histoire imaginée par Annie Proulx.
Soit deux jeunes cow-boys, en 1963, engagés pour aller garder les moutons sur les hauteurs, dans le Wyoming. Une passion naîtra, impossible à vivre et à assumer dans l’Amérique profonde des années 1960-1970. «Il est rare de lire une histoire d’amour racontée de cette façon», dit Jake Gyllenhaal, bien différent ici du soldat de « Jarhead ». «Je n’avais encore jamais joué dans une histoire d’amour digne de ce nom», explique Heath Ledger, l’acteur australien que l’on a vu récemment dans « les Frères Grimm ».
Les deux acteurs jouent ce mélodrame sur fond de grands espaces avec force et subtilité à la fois et surmontent avec intelligence la difficulté de leur rôle. Et si la mise en scène manque parfois de légèreté, il faut rendre grâce à Ang Lee (et à son directeur photo Rodrigo Prieto) de filmer avec ampleur les superbes paysages de montagne (les Rocheuses canadiennes).
Sectarisme religieux.
C’est encore dans l’Amérique profonde que se situe « The King », premier long métrage de fiction du documentariste James Marsh, auteur notamment d’un film sur le chanteur de soul Marvin Gaye, assassiné par son père, un prêcheur fondamentaliste. Marsh a écrit le scénario avec Milo Addica (« Monster’s Ball », « Birth »). L’histoire d’un jeune marin qui retrouve la vie civile après trois ans. Il se rend au Texas, là où prêche un pasteur dont on comprend qu’il a connu la mère. Une famille confite dans la dévotion à Jesus. Le fils veut qu’on n’enseigne pas seulement Darwin au lycée mais la création par Dieu, un débat qui fait rage actuellement aux Etats-Unis. Le nouveau venu va créer la tragédie.
Ce pourrait être une manière de « Théorème » si le mélo n’était très appuyé. Gael Garcia Bernal (« Carnets de voyage », « la Mauvaise Education ») et William Hurt sont poussés à en faire trop et la critique d’un certain sectarisme religieux est caricaturale. Le sujet méritait mieux.
> RENÉE CARTON
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