Théâtre

Tragédie antique ou moderne ?

Publié le 08/07/2011

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Faut-il avoir peur de la tragédie antique ? Sûrement pas lorsque Denis Marleau, metteur en scène originaire du Québec monte Salle Richelieu Agamemnon de Sénèque. Il y a là une rencontre inédite entre l’ancien et le moderne, la technologie et l’éthique du théâtre. Que faire des chœurs par exemple sur une scène de théâtre ? Comment les représenter aujourd’hui sans échapper à l’artifice ? Denis Marleau innove grâce à un recours subtil à la vidéo qui au lieu d’être un simple gadget technologique donne ici du sens, à savoir une parole multiple, polyphonique et dans le même temps unique. Appliquée au théâtre du précepteur de Néron, la tragédie échappe ainsi à la représentation muséographique en l’absence de dramaturgie et s’adresse sans intermédiaire au spectateur d’aujourd’hui. Il y a là, il est vrai, une force, une fureur, une vigueur bref une humanité qui traverse les époques. Certes, le récit est atroce. Il commence avec le retour d’Agamemnon, le père d’Iphigénie après sa victoire contre Troie qui au lieu d’être triomphal sera à l’origine d’une succession de crimes. Il s’achève avec la mort de Cassandre. Le mal tout au long de la pièce court. Nul ne saurait l’arrêter. Saluons enfin l’exceptionnelle prestation d’Elsa Lepoivre dans le rôle de Clytemnestre, l’épouse d’Agamemnon qui donne une intensité à un corps, une voix livrés à une furie qui se dévoile sans entrave, sans limite.

Agamemnon de Sénèque, mise en scène de Denis Marleau, Comédie-Française, jusqu’au 23 juillet 2011.