Il n’est pas toujours simple de comprendre toutes les subtilités de la politique. Avec le tiers payant généralisé, on aurait pu croire que Monsieur Macron, notre président, allait retourner sa touloupe et, finalement nous imposer cette mesure tant décriée, alors que dans son discours de campagne, il avait laissé entendre qu’il ne le ferait pas.
Dieu merci, il ne l’a la finalement pas fait. Et avec le recul, on peut même penser qu’il n'en a jamais eu l'intention. Mais, il faut reconnaître que cette Épée de Damoclès a été décrochée du plafond presque par enchantement.
Ceci mérite un petit zoom rétrospectif sur le déroulé des événements… Et pour commencer, un éclairage sur le rôle de l’Igas s’impose… Il faut se souvenir que cet organisme a déjà été sollicité par le précédent gouvernement. Son rapport de juillet 2013, dans un élan « robindesboiiste », qualifiait la réforme du tiers payant généralisé de « justifiée » et « positive ». Ses auteurs concluaient, sur un ton mi-obséquieux, mi-normand, a une faisabilité technique… en précisant toutefois que « la lourdeur du projet réclamerait que soient prises beaucoup de précautions et exigerait une implication franche de la part de tous les acteurs de santé… » Bref, un feu pratiquement vert teinte juste d’un peu d'orange… celui du bon sens le plus élémentaire.
Par contre, le rapport de l’Igas mouture automne 2017, est beaucoup plus explicite. Il dit clairement : « TPG acceptable sur la part AMO, mais encore au stade de sac de nœuds, i.e. techniquement infaisable sur le versant complémentaire ». Cette fois, le feu est nettement plus rouge. Bizarre. Aucun événement majeur n’est pourtant survenu depuis 2013 qui puisse expliquer un tel changement ! Rien en dehors du fait… qu’on a simplement changé de gouvernement.
J’en arrive au zoom rétrospectif sur le déroulé des événements…
-Pendant la campagne présidentielle, Macron candidat dit : « Je n'imposerai pas le tiers payant généralisé, car je sais que la profession y est hostile, que ce serait pour elle compliqué à gérer, une perte de temps pour les praticiens, etc., », évoquant avec subtilité un TPGsable…
-Le 6 juillet, Agnès Buzyn, en toute logique ajoute : « Je ne l’imposerai pas, d’ailleurs je n’aime pas les obligations ».
-Entre le 6 et le 10 juillet, Macron président lui remonte très certainement les bretelles ou fait mine de le faire en annonçant : « Je n'ai jamais dit qu'on allait faire disparaître le tiers payant généralisé ».
-Conséquence immédiate, histoire de montrer qu’elle a bien capté le message, le 11 juillet, A Buzyn s’exprime : « Il y a 15 % des Français qui ne voient pas leur médecin parce que la consultation n’est pas gratuite. Il y aura donc bien le tiers payant généralisé, c’est une question d’équité et donc une nécessité. »
-Dans la foulée, A. Buzyn a tout de même demandé à l’Igas de lui faire un rapport pour en savoir plus sur la faisabilité du projet. Et, fin octobre, donc sans trop tarder, celui-ci tombe ; Agnès Buzyn tranche en annonçant de manière péremptoire le report de la mesure.
Et voilà, le tour est joué. Exit le TPG, envoyé aux pelotes le cheval de bataille sur lequel MST a cravaché à bride abattue durant tout le lustre du dernier mandat présidentiel. Si ce n’est pas beau tout ça ! Du coup, comme on dit beaucoup aujourd’hui, dans cette affaire, Buzyn est passée pour pragmatique. Le président Macron n'a même pas eu à prendre position ; au chapitre des points positifs, il demeure tout de même un président qui aura, sur ce sujet en tout cas, tenu sa parole. Et la médecine libérale n’a pas encore eu son coup de grâce.
Au final, la profession tout entière en arriverait presque à se demander si le cauchemar MST a bien existé ! En tout cas, s’il y a quelque chose qui n’a pas changé avec la nouvelle équipe gouvernementale, c’est bien cette manière de toujours nous faire prendre des vessies pour des lanternes. Mais, pour une fois, ce ne sont pas les médecins qui vont s’en plaindre.
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