Bien qu'encore au stade des expérimentations in vitro et animale, une technique, mise au point par des chercheurs américains, permet d'inhiber le développement de Toxoplasma gondii à n'importe quel stade de son évolution. Une approche totalement nouvelle puisque, jusqu'à présent, il était impossible d'atteindre le parasite au cours des phases latentes de son cycle.
La découverte de l'équipe de Rima McLeod (Chicago) (1) consiste à fixer une courte chaîne de 8 molécules d'arginine à un antiseptique banal le triclosan. Ce principe actif utilisé dans les dentifrices, bains de bouche ou en usage cutané s'est montré efficace contre T. gondii et la séquence d'arginines est connue comme pouvant s'infiltrer dans les membranes biologiques, seule ou liée à des molécules actives.
L'enoyl réductase
Rima McLeod et son équipe avaient découvert auparavant que T. gondii et d'autres parasites utilisent dans leurs métabolismes trois enzymes absentes du monde animal. L'une d'entre elles, l'enoyl réductase, est indispensable au parasite pour sa croissance et sa reproduction. Les chercheurs expliquent que l'antiseptique agit en inhibant cet enoyl réductase.
Restait à faire pénétrer la molécule thérapeutique dans le parasite. Une étape difficile puisque, dans les phases actives de son cycle, T. gondii se cache dans les cellules de l'hôte et demeure peu accessible. De plus, peu après l'infestation, nombre de parasites entrent dans une phase peu active : les bradyzoïtes. Les chercheurs ont constaté que le triclosan lié à la chaîne arginine peut pénétrer le parasite à n'importe quelle phase de son cycle, y compris en période active (hors des cellules hôtes ou à l'intérieur), en phase latente dans ces cellules ou, le plus ardu, sous forme de bradyzoïtes enkystés dans les cellules.
Le processus d'entrée dans le parasite est rapide, avec une efficacité simultanée à la libération du triclosan. Cette découverte ouvre une voie thérapeutique, notamment dans les infections oculaires sous forme de collyre.
(1) « Proceedings of the National Academy of Sciences », 17 novembre 2003.
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