La toxine sécrétée par Bacillus anthracis permet à cet agent d'échapper au système immunitaire et de tuer l'hôte au cours d'une infection systémique. Cette toxine est composée de trois protéines. La première, AP (pour antigène protecteur), se lie à un récepteur cellulaire de l'hôte infecté, ce qui permet le passage des deux autres protéines, FL (facteur léthal) et FO (facteur œdémateux), à l'intérieur de la cellule.
Le premier des articles publiés dans « Nature » concerne les travaux de l'équipe de John A. T. Young, K. A. Bradley et coll. (université de Wisconsin, Madison). Ces chercheurs sont parvenus à décrire le récepteur de l'AP, nommé ATR (« Anthrax Toxin Receptor ») et à le cloner.
On savait que le récepteur auquel l'AP se lie est une protéine ubiquitaire qui s'exprime à des taux assez élevés à la surface des cellules. Les chercheurs ont créé une lignée cellulaire mutante, défective pour ce récepteur, puis ont appliqué une technique de clonage génétique par complémentation fonctionnelle (on introduit du matériel génétique dans une cellule défectueuse et on le sélectionne jusqu'à ce que la fonction analysée soit restaurée). Ils décrivent le récepteur ATR comme « une protéine membranaire de type I, possédant un domaine extracellulaire sous la forme d'un facteur A de Willebrand qui se liedirectement à l'AP ». En clair, cela indique que la probabilité qu'ATR soit conservé au sein de différentes espèces et s'exprime au niveau du système nerveux central, du cœur, des poumons et des lymphocytes est élevée. Cela indique également qu'une version soluble de ce domaine pourrait protéger les cellules de l'action de la toxine (tout cela reste à approfondir).
Une version soluble du récepteur pourrait être protectrice
« L'identification de l'ATR permet maintenant une recherche plus détaillée des mécanismes de capture des toxines du bacille par la cellule et offre de nouvelles possibilités d'approche thérapeutique. »
La deuxième publication provient de Robert Liddington, Andrew Pannifer et coll. (Burnham Institute, La Jolla, Californie) qui ont identifié la structure cristalline du FL de la toxine du bacille du charbon. Le FL, essentiel au processus de pathogénie de la toxine, est une protéase qui inhibe des voies de transmission du signal à l'intérieur de la cellule. L'analyse de la structure révèle une protéine qui a évolué grâce à un processus de duplication, de mutation et de fusion de gène en une enzyme dotée d'une spécificité inhabituellement élevée pour des kinases (les MAPKK), que le FL clive. « Ces informations peuvent être utilisées pour la conception d'agents thérapeutiques qui bloqueraient les propriétés du FL in vivo », concluent les auteurs.
Ces articles seront publiés dans « Nature » du 8 novembre 2001 et sont consultables auparavant sur Internet, site www. nature.com.
(1) Nous avons déjà informé nos lecteurs sur les travaux en cours aux Etats-Unis dans « le Quotidien » du 22 octobre.
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