La prévalence de l'hépatite B chez les utilisateurs de drogues, liée aux injections, mais aussi à la sexualité, reste élevée, alors que « la vaccination contre l'hépatite B protège à plus de 90 % contre le risque d'infection », souligne une étude réalisée par cinq généralistes du centre médical Marmottan*.
Le service de médecine générale de l'établissement parisien spécialisé dans la prise en charge des toxicomanes reçoit gratuitement et anonymement les patients ayant une plainte somatique ou nécessitant un suivi médical. Lors de la première consultation, environ 15 % se savent immunisés contre le VHB, en raison d'un antécédent d'infection aiguë, d'une infection chronique ou d'une hépatite B guérie. Afin d'apprécier la couverture vaccinale des usagers de drogues à Marmottan, les enquêteurs ont limité leur travail aux personnes consultant pour la première fois, sans antécédent déclaré d'hépatite B.
Une étude nationale s'impose
L'étude a porté sur 549 nouveaux patients vus entre le 1er janvier 1999 et le 31 décembre 2001. Dans la cohorte 1999, le statut vaccinal contre l'hépatite B était connu par 41,8 % des consultants, parmi lesquels 45,3 % ont déclaré avoir reçu au moins trois injections de vaccin. Dans la cohorte 2000, les pourcentages étaient respectivement de 44,5 et 15,6 %, puis, en 2001, de 54,1 et 21,7 %. Dans le même temps, la proportion de sujets séropositifs VIH a baissé, passant de 16,1 % en 1999 à 9,6 % l'année suivante, et à 6,5 % en 2001. Dans tous les cas, outre le fait que la population accueillie à Marmottan n'est pas représentative de l'ensemble des usagers, ni la hausse du nombre de patients étrangers, ni la diminution dans le temps de la prévalence de l'infection par le VIH « ne permettent d'expliquer entièrement l'ampleur de la baisse de la couverture vaccinale contre l'hépatite B ».
Certes, les personnes qui fréquentent Marmottan sont « assez particulières, en termes d'exclusion et d'accès aux soins », mais elles ont été en contact, « pour la plupart, avec diverses institutions sanitaires ». Et si la chute de la couverture vaccinale devait être confirmée à l'échelon national, « la situation serait alors préoccupante et ferait craindre une augmentation de l'hépatite B à court terme ». « Une étude ad hoc de la couverture vaccinale des personnes à risque d'hépatite B paraît souhaitable », recommandent les enquêteurs. « D'ores et déjà, concluent-ils, un effort accentué de la vaccination peut être entrepris » en direction de ces sujets à risque. « Il doit être appuyé par les pouvoirs publics, avec une information des usagers de drogues, exposant de façon objective les bénéfices qu'ils peuvent en tirer et les données de pharmacovigilance disponibles. »
* « Etude de la couverture vaccinale contre l'hépatite B chez les patients vus en consultation de médecine générale » à Marmottan, réalisée par les Drs Elisabeth Avril, Dominique Boubilley, Jérôme Sclafer, Jean-Pierre Lhomme et Jules Merleau-Ponty, publiée au « Bulletin épidémiologique hebdomadaire » n° 07/2003.
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