Pensez à examiner le conduit auditif de vos patients atteints d'une toux chronique non productive : vous y trouverez peut-être la cause. Ce conseil prodigué, dans le « Lancet », par Frank Jegoux et coll., ORL au CHU Hôtel-Dieu de Nantes, est illustré par une histoire clinique originale, faisant remonter à la surface quelques souvenirs d'anatomie.
En 1988, un garçonnet de 7 ans subit une tympanoplastie droite pour un cholestéatome. L'intervention se déroule bien, les suites en sont simples. Un an plus tard, il commence à se plaindre d'une toux sèche persistante, tant diurne que nocturne. Pendant sept années, il subit tous les examens bronchopulmonaires possibles, ainsi que des clichés des sinus, une nasofibroscopie, des tests allergologiques. Le bilan est poussé jusqu'à un scanner cérébral et une évaluation psychologique. Tout est négatif. Aucune étiologie n'est mise au jour.
Une ulcération du conduit auditif
En novembre 1995, devenu un adolescent de 14 ans, le patient est adressé en consultation d'ORL à Nantes, pour un épisode de toux sèche persistant depuis une semaine. Une seule anomalie à l'examen : une accumulation de cérumen autour d'une ulcération cutanée dans un conduit auditif rétréci, du côté opéré. A ce moment, une simple manœuvre découvre la cause des sept ans de malheur du patient. La stimulation de la face antérieure du conduit auditif avec un tampon recrée la toux. L'accumulation de cérumen est retirée et, avec elle, la toux disparaît pour plusieurs semaines.
Le jeune homme est vu par la suite régulièrement pour des récidives de la toux, avec à chaque fois la même efficacité temporaire de l'ablation du cérumen. Aussi, en octobre 1996, décision est prise d'exciser l'ulcération cutanée et d'élargir la sténose osseuse du conduit auditif. Revu en septembre 1999, à l'âge de 18 ans, le patient ne se plaint plus de toux. Et la stimulation de la zone concernée provoque toujours la même toux...
L'explication repose sur l'existence d'un « réflexe oreille-toux », décrit en 1832 par Arnold, et dont l'incidence se situe entre 1,7 et 4,2 %. Il peut être déclenché par la stimulation de la paroi antérieure de l'un ou des deux conduits auditifs. Il est lié à l'innervation des parois postérieure et inférieure du conduit auditif par la branche auriculaire du Vague, ou nerf d'Arnold, qui naît du ganglion jugulaire du Vague. Le réflexe peut être plus important allant jusqu'aux vomissements ou la syncope.
« L'otoscopie est une manière simple et sans danger de découvrir une origine à une toux non productive et les cliniciens ne devraient pas oublier d'examiner les conduits auditifs de leurs patients », concluent les ORL nantais.
« Lancet », vol. 360, 24 août 2002, p. 618.
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