Paris
Dr ÉRIC MALOT
LA LIBERTÉ d'installation des médecins libéraux semble, nous dit-on, devenir incompatible avec les besoins sanitaires des différentes régions de France. À ce titre, les infirmières viennent de signer l'inacceptable, et la tentation semble immense de nous imposer le même système. Et l'on devrait passer toute sa vie au même endroit ? Actuellement, le numerus clausus à l'entrée de la deuxième année est un moyen de régulation. Ainsi, le nombre de places augmente dans les régions sous-dotées en médecins installés, et vice versa, donc, dans quelques années, il sera beaucoup plus facile pour un jeune Lillois de passer ce cap que pour un jeune Niçois (qui n'y est pour rien). Système qui est en forte contradiction avec le principe d'égalité républicaine.
L'étudiant en médecine qui arrive au stade de la spécialisation est lui aussi confronté à une répartition des postes qui doit répondre aux besoins régionaux ; ainsi, il ira où le lui permettra son classement. Il fera ce choix à environ 25 ans et rien ne dit qu'il restera dans la région où il termine ses études. Donc, d'une manière ou d'une autre, il faudrait lui imposer son lieu d'installation ? Et cela après dix ans d'études et deux concours très sélectifs qui sont là pour réguler la répartition des médecins sur le territoire. Si tel devenait le cas, cela ne doit concerner que des personnes parfaitement informées de cette contrainte, donc, en aucun cas, les étudiants en cours d'études, même s'ils ne sont qu'en deuxième année. Et si tel devenait le cas, il me semblerait plus juste que le concours de fin de première année devienne une épreuve nationale classante. Le nombre de places dans chaque faculté pourra être ajusté aux besoins. Selon leur classement de fin de première année, les étudiants choisiront une faculté. On peut imaginer sans peine que les Marseillais ne prendront pas Amiens, les déceptions ne devraient donc pas être trop grandes. Mais un étudiant de Besançon bien classé pourrait, s'il le souhaite, aller à Paris ou ailleurs, chose qu'actuellement il n'envisage pas. Ce choix se fera vers 20 ans et non 25 ans, « installé » plus jeune dans une région, le futur médecin devrait s'intégrer parfaitement à la communauté médicale ; de plus, il y a des chances qu'il ou elle y rencontre l'âme soeur.
Des étudiants parfaitement avertis.
Ensuite, il faudrait que le troisième cycle soit organisé localement, avec des inter-CHU obligatoires. Cette épreuve nationale de fin de première année ne devrait pas être trop difficile à organiser. Il suffit qu'un système informatique pioche au hasard des questions dans les banques de QCM de toutes les facultés de France et que le programme soit harmonisé. Ce système n'est qu'une suggestion et n'est pas parfait, mais il concernerait des étudiants parfaitement avertis qui devraient à la fin de leurs études s'installer majoritairement dans une région où ils viendront passer dix ans. Alors, doit-on réellement en finir avec la liberté totale d'installation ?
Confraternellement.
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