ULRICH est un jeune lycéen qui, dans sa ville de Ruhrort, découvre sa différence. Parce qu’il a la peau plus foncée que ses camarades – il est le fruit d’amours avec un soldat africain, venu en Allemagne en 1921 avec les troupes françaises d’occupation chargées de veiller à l’application du traité de Versailles –, il ne fera jamais parti des Jeunesses hitlériennes ! Pire, la pression s’accentue à partir de 1933, et les brimades, les interdictions, tout ce que subissent les juifs depuis longtemps. Jusqu’à ce qu’il soit amené de force, comme quelques centaines d’autres enfants de sang mêlé, dans un hôpital pour être stérilisé.
Changement de décor, si l’on peut dire. Parce qu’il a la chance d’être photogénique, le jeune garçon est enrôlé dans les studios de Babelsberg pour jouer les figurants dans des films de propagande nazie – des scènes où l’on voit justement des soldats noirs, à la fin de la Grande Guerre, violer une femme blanche et tuer son mari. Mieux, il est du voyage pour tourner dans les décors naturels, en Guinée-Bissau.
Lorsque survient la déclaration de guerre, Ulrich devient Galadio – son deuxième prénom, qui est aussi celui du frère de son père – et part à la recherche de sa famille africaine. Suit un long périple à pied, en train et en bateau jusqu’à Sinéré, au Soudan.
Mais la boucle ne sera bouclée qu’après que Galadio se sera engagé, alors que l’Afrique occidentale française vient de rallier la France libre, et que, survivant de combats en débarquement, il reviendra enfin à Ruhrort, en 1945. Pour y trouver quoi, et qui ?
Quand Didier Daeninckx s’empare d’une page d’Histoire, il la transforme en récit d’aventures sans rien lui ôter de sa tragique vérité, de son imbécile cruauté, illustrée notamment par la sinistre scène d’ouverture où les apprentis nazis exterminent les animaux domestiques « perdus pour l’espèce » parce qu’accueillis dans des familles juives...
Gallimard, 140 p., 15,50 euros.
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