Livre

Tout s’est bien passé

Publié le 20/02/2013
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« Je veux que tu m’aides à en finir. » C’est la phrase prononcée par André Bernheim à sa fille Emmanuèle qui en a fait un livre : Tout s’est bien passé. Très réduit physiquement après un AVC, il ne peut plus parler, ni marcher, est incontinent… En tant qu’homme très actif et ouvert au monde, cultivé, il le dit lui-même : « Je vais avoir 89 ans. Je ne peux plus profiter de ce que j’aimais. De rien. Je ne veux pas continuer comme ça… ça n’a que trop duré…» À travers la relation d’amour que vit l’auteure avec son père et malgré ses hésitations, Emmanuèle Bernheim a tout fait pour adoucir la fin de son père. Mais elle ne dort plus, se dope aux antidépresseurs et à quelques bons verres. La médecin de l’hôpital ne veut pas entendre la demande d’André de mourir. Les cousines américaines sont contre également. L’avocat d’André refuse d’apporter son aide juridique (mais on comprend brutalement pourquoi par la suite.). Bref, les mentalités françaises ont encore du chemin à parcourir pour comprendre qu’un patient ne veut (peut) plus vivre. Le cadre légal fait tout pour en dissuader. C’est ce que montre ce livre de façon épatante.

Est décrit le contact avec la femme de l’association suisse qui aide au suicide assisté : premier contact, constitution du dossier, procédure à suivre pour le retour de l’urne… Quelques personnalités publiques surgissent dans l’histoire telles Georges Kiejman, très pertinent avocat conseil, Alain Cavalier qui prête sa caméra à Emmanuèle pour filmer son père… Finalement, dans ce récit bouleversant, haletant et plein d’humour… on se demande jusqu’au bout si Emmanuèle Bernheim et sa sœur Pascale réussiront à accompagner leur père chéri jusqu’à sa fin. Mais pour quel happy-end ?

Tout s’est bien passé, Emmanuèle Bernheim, éd. Gallimard, 17,90 euros.

Source : Décision Santé: 290