ON A LONGTEMPS parlé de l'insuffisance du traitement de la douleur en France. «Il faut aujourd'hui être plus positif, souligne le Dr Philippe Poulain. Les progrès existent dans ce domaine, même s'ils ne sont pas encore totalement satisfaisants.» En effet, la douleur et les soins palliatifs sont aujourd'hui peu à peu intégrés dans l'enseignement, certains oncologues suivent des formations sur la douleur et cette thématique, tout comme les soins palliatifs ou l'éthique sont des matières obligatoires dans le Desc de cancérologie. Parallèlement, la recherche avance, de nouveaux traitements apparaissent qui sont mieux tolérés, de nouvelles technologies aussi.
«Face au patient douloureux, il y a deux solutions, précise le Dr Poulain, soit lui donner une dose minimale d'antalgique et lui prescrire un autre médicament en cas de douleur plus forte, médicament qu'il choisira lui-même de prendre ou pas. C'est de sa responsabilité. D'autres patients ne veulent pas entrer dans ce schéma, ils sont donc traités d'emblée par des doses plus importantes d'antalgiques, dont ils risquent bien sûr d'en subir les effets secondaires.»
Se pose la question du début du traitement. Pour certains patients, la prise d'antalgiques au cours de la maladie est synonyme d'aggravation de leur état, d'escalade dans la maladie.
Traiter tôt.
«Ce sont des idées fausses, souligne Philippe Poulain, il faut traiter précocement la douleur. On évite ainsi au patient de s'installer dans une véritable dépression liée à la douleur, dans la maladie-douleur. Il faut aussi, poursuit-il, expliquer au patient que les temps ont changé, qu'il y a quelques années on prescrivait la morphine et ses dérivés dans des cancers avancés, ce qui n'est vraiment plus le cas aujourd'hui. Il faut aussi faire remarquer à certains patients ayant déjà reçu de la morphine dans d'autres circonstances, qu'ils ne sont pas pour autant devenus dépendants.»
La douleur est un signal d'alarme, elle doit jouer son rôle de signal d'alarme, mais ensuite, note Philippe Poulain, «elle n'a aucun intérêt». Certes, elle peut amener le malade à consulter, elle participe au diagnostic, mais de nombreux autres paramètres biologiques, échographiques, radiographiques permettent de suivre l'évolution d'une lésion. La douleur ne sert à rien. Il faut donc la traiter tôt et bien. A ce sujet, les technologies se développent, dans tous les domaines, qu'il s'agisse de la galénique, du mode d'action des médicaments, mais aussi de la rapidité d'action de ces traitements. Ainsi, prochainement en France, seront commercialisés des comprimés à base de fentanyl qui, placés sur la muqueuse buccale, permettront de soulager les patients en 5 à 10 minutes ; le fentanyl va également pouvoir être administré en spray nasal. Ce gain de temps dans l'apaisement d'une douleur peut être considéré comme une avancée majeure. D'autres molécules, non morphiniques, sont à l'étude ; elles permettront de soulager des douleurs intenses sans mise en oeuvre des récepteurs morphiniques.
D'après un entretien avec le Dr Philippe Poulain, centre de traitement de la douleur et des soins palliatifs, Institut Gustave Roussy, Villejuif.
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