"Le terme d'énurésie est réservé à l'énurésie nocturne primaire isolée (EnPI), depuis la mise au point d'une terminologie standardisée par l'ICCS (International Children's Continence Society)" précise le Pr Etienne Bérard, pédiatre au CHU de Nice. Il s'agit d'une incontinence intermittente, qui survient pendant le sommeil, chez un enfant âgé de plus de 5 ans. "L'enfant n'a jamais connu de période de continence de six mois ou plus et il ne présente aucun autre symptôme, en particulier diurne, relevant du bas appareil urinaire" insiste-t-il.
Diagnostic différentiel: ce que n'est pas une EnPI
"Les troubles mictionnels autres que l'EnPI représentent un tiers des cas, et on peut les exclure grâce à un interrogatoire détaillé de l'enfant et de ses parents" indique le Pr Bérard. Il est nécessaire de vérifier si des fuites surviennent pendant la journée. "Bien souvent, les parents n'y prêtent pas attention, car la gêne occasionnée par un slip ou un pantalon mouillé est bien moindre" explique le Pr Bérard. "Une fréquence anormale des mictions, une sensation de vidange incomplète ou d'autres troubles à la miction peuvent signaler une pollakiurie, une malformation des voies excrétrices, une vessie neurologique…" énonce le Dr Bensman, pédiatre à l'hôpital Trousseau de Paris. "Certaines positions sont caractéristiques d'une vessie immature (accroupissement, verge pincée, jambes croisées…). Enfin, si l'enfant se lève la nuit pour boire, on pourra suspecter une polyurie ou un syndrome polyuro-polydipsique." Il importe aussi d'interroger les parents sur la qualité du sommeil de l'enfant: l'EnPI est parfois associée à une apnée obstructive du sommeil. Ensuite, l'examen clinique permettra de compléter ces informations.
Aussi, “en observant le comportement général de l'enfant, on peut suspecter des THADA (troubles de l'hyperactivité et déficit d'attention) souvent associés à l'EnPI, ou un problème psychopathologique grave" souligne le Pr Bérard. Quand cela est possible, observer une miction permet de vérifier qu'il n'y a pas de jet saccadé ou faible, ou d'effort de poussée abdominale. Une palpation de l'abdomen peut exclure un encombrement intestinal ou d'un globe vésical. L'étude de la marche, de la voûte plantaire, de la région dorsale et sacrée peut signaler un trouble neurologique. Il importe bien sûr d'observer les organes génitaux externes, une irritation de ceux-ci pouvant engendrer des troubles mictionnels. Enfin, une bandelette réactive permet de dépister une infection, un diabète, ou une hyperconcentration des urines. “D'autres explorations sont inutiles pour diagnostiquer une EnPI", affirme le Pr Bérard.
La prise en charge
"Une fois l’énurésie dépistée, il importe d'abord de dédramatiser la situation auprès de l'enfant" indique le Pr Bérard. Le taux de guérison spontanée est de 10 à 15 % par an. Un effet placebo existe dans 30 à 45 % des cas. Les prescriptions hygiéno-diététiques ont elles aussi une efficacité de 20 à 30 %. Si l'EnPI est persistante, la prise en charge passe en premier lieu par la desmopressine (Minirin melt pendant trois mois, avant de tenter un sevrage). Les alarmes, n'étant pas remboursées, remportent encore peu de succès en France.
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