LES CANCERS COLO-RECTAUX (CCR) sont parmi les plus fréquents, avec les tumeurs malignes du sein et de la prostate. Trente-six mille nouveaux cas par an sont recensés, dont 65 % au niveau du côlon. De 1980 à 2000, leur nombre a augmenté de 50 %, ce qui place « la France parmi les pays à risque élevé de CCR », souligne le rapport commun des académies nationales de médecine et de pharmacie, signé Claude Dreux. Deux cent mille personnes en sont atteintes ou l'ont été et 16 000 en meurent chaque année. La survie à cinq ans ne dépasse pas 50 %.
Pour les académies, tout doit être fait pour favoriser le dépistage. Car l'intervalle de temps moyen entre le diagnostic d'un adénome, qui survient dans 60 à 80 % des cas, et du cancer est de neuf ans.
Une baisse de la mortalité de 15 à 20 %.
Dans le courant des années 1990, une campagne de dépistage en Bourgogne (Pr J. Faivre), avec une participation de 53 % des femmes et des hommes à risque de 50 à 75 ans, a démontré qu'il était possible de réduire de 15 à 20 % la mortalité, à la condition que l'opération se déroule tous les deux ans et qu'une coloscopie soit réalisée chez les sujets positifs au test Hemoccult II. En 1998, l'Agence nationale d'accréditation et d'évaluation en santé (Anaes) s'est prononcée en faveur du dépistage de masse, suivie, le 29 janvier 2002, par l'Académie de médecine. Le plan Cancer quinquennal, lancé le 24 mars 2003 par Jacques Chirac, le préconisera, à son tour, à titre expérimental, dans 22 départements, « avec l'utilisation exclusive du test Hemoccult II ». Or « force est de constater que les prévisions tardent à se réaliser ». Toutefois, reconnaissent les académies, le test Hemoccult II « n'est pas sans poser de problème ». Sa sensibilité est « d'environ 50 % » et son expédition postale aux laboratoires rend « non analysable un pourcentage non négligeable de plaquettes ».
Encourager la recherche de nouveaux marqueurs.
Les méthodes immunologiques de recherche de sang humain dans les selles - les seules inscrites à la nomenclature et remboursées par l'assurance-maladie - offrent une meilleure sensibilité (de 82 à 92 %), mais leur coût élevé et l'absence d'étude de cohorte ne les rendent guère compatibles avec les dépistages de masse.
Sur ces deux derniers points, une étude du Dr G. Launoy semble des plus prometteuses, de l'avis des académiciens. Il s'agit d'un dépistage portant sur 43 000 patients, à partir d'une méthode immunologique spécifique du sang humain et automatisable (test Magstream, non commercialisé en France), employée au Japon, aux Etats-Unis, en Italie et en Allemagne.
Les deux académies soulignent aussi l'intérêt de la mise en évidence d'un facteur de risque génétique, par analyse moléculaire, qui permet de détecter les sujets à risque élevé dont beaucoup ont des antécédents familiaux. En revanche, aucun nouveau biomarqueur cellulaire ou protéique n'est aujourd'hui disponible pour le dépistage dans la population générale.
Au vu de cette situation, le rapport recommande au ministre de la Santé de mettre en œuvre, « dans les plus brefs délais, les campagnes de dépistage de masse prévues dans le plan Cancer 2003-2008 » et de nommer un groupe d'experts indépendants pour analyser les résultats. Là où ce n'est pas encore possible, « des procédures de dépistage individuel » devraient être prévues pour les personnes de 50 à 75 ans. Parallèlement, le rapport recommande la réalisation d'études de cohorte, dans des départements volontaires à l'instar de la Manche, « afin d'évaluer des méthodes de dépistage de sang fécal humain plus spécifiques et plus sensibles que le test Hemoccult II », avec un volet financier prenant en compte le rapport coût/efficacité pour la santé publique. Enfin, toujours dans le cadre du plan Cancer, il demande aux pouvoirs publics d' « encourager la recherche de nouveaux marqueurs spécifiques des CCR pouvant conduire à un dépistage plus précoce de ces cancers ».
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