François Hollande a certes été aidé par une conjoncture sinistre, un peu comme si, sur l’amoncellement des échecs, s’était posé un événement dont l’effrayante gravité minimisait tout le reste et contraignait le pays à revoir l’ordre de ses priorités. Ce qui se passera dans les mois qui viennent peut contrecarrer les desseins du président ou les aider, mais il est bien peu probable qu’il redescende au niveau d’impopularité de la fin de l’automne 2014. Il lui a fallu plus de deux ans et demi pour imposer son autorité, mais il y est enfin parvenu. Et pas seulement parce que l’horreur des attentats l’a rapproché de ses concitoyens, mais parce qu’il a su trouver, pendant toute la séquence, les mots et les gestes capables de démontrer son leadership.
Cela ne signifie nullement que les routiers vont reprendre le travail, que les négociations sociales vont bruquement aboutir à des accords, que le chômage va reculer, que la croissance va bondir. L’objectivité recommande néanmoins de dire que la conjoncture, avec la baisse du prix de l’énergie, la baisse de l’euro, la croissance américaine permettent à la France de voir l’avenir avec un petit peu plus de confiance. Si François Hollande sait tirer avantage d’un choc infligé à la nation, il saura trouver son miel dans des paramètres économiques améliorés.
C’est un peu comme s’il avait passé un examen, qu’il y avait réussi brillamment et que plus personne ne peut contester sa légitimité en tant que président. Vous aurez sûrement remarqué le silence de la gauche du PS, des Verts et de l’extrême gauche, qui ne pouvaient pas désapprouver la mobilisation de l’exécutif contre le terrorisme et qui ne risquent plus, quoi qu’ils prétendent, de donner, au sujet de ces crimes, des explications fondées sur la dialectique historique. Du coup, c’est M. Hollande qui semble avoir raison de s’inspirer des méthodes de la droite face à la violence, comme il avait raison de s’en inspirer pour gérer l’économie, n’est-ce pas ? C’est le choix de Manuel Valls comme Premier ministre (61 % de cote de popularité) qui apparaît comme une des meilleures décisions que M. Hollande ait jamais prises ; c’est tout le plan de gestion incarné par Emmanuel Macron qui acquiert de la crédibilité.
Une nouvelle donne.
Nous avons tous remarqué que Marine Le Pen avait accompli, pendant que le pays manifestait, une bien pîètre performance, capable, par son manque de vision, de marginaliser de nouveau le Front national. Que plus personne, à gauche, ne réclame une primaire dans le camp du président qui, dès lors, semble devoir être le seul candidat à l’élection présidentielle de 2017. Que MM. Hollande et Valls, de nouveau, sont invités par les candidats socialistes à intervenir dans la campagne des élections départementales. Que l’opposition, avec une honnêteté qui l’honore, a approuvé les décisions du gouvernement, n’a pas ménagé ses éloges, mais du coup, a du mal à retrouver la virulence de ses analyses, d’autant que la popularité de Nicolas Sarkozy n’augmente pas et que, s’il n’est pas le bon candidat de la droite, il n’est pas sûr du tout, désormais, qu’Alain Juppé soit capable de terrasser le président.
Toutes les mimiques politiciennes reviendront, comme le naturel, au galop. Mais je parie qu’elles seront, au moins pendant quelques semaines, plus feutrées. Que la loi Macron sera adoptée avec des amendements mineurs. Que, en outre, les premiers effets positifs des réformes (notamment la baisse relativement importante du coût du travail) se feront sentir pendant l’année 2015. Que nous serons en mesure, au terme de l’année, de réduire sensiblement le déficit de notre commerce extérieur. Il s’agit bel et bien d’une nouvelle donne.
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