Evaluation de l'autonomie
Ce que font les aidants et les soignants est mal pris en compte. C'est à partir du constat des activités réellement effectuées seules par la personne que les aides nécessaires seront décidées. Toute notion d'aide apportée a donc été volontairement évacuée du modèle. En revanche, les aides matérielles et techniques sont considérées comme faisant partie de la personne : lunettes, prothèses auditives, fauteuil roulant, poche de colostomie…
Il ne nous a pas semblé raisonnable de fonder une évaluation sur les potentiels du patient (le malade « peut faire ») car ce paramètre nous a semblé bien subjectif, et si le patient ne « veut pas » cela ne fait guère avancer le problème ; que faire si une personne ne fait pas alors ce qu'elle peut ? Peut-elle vraiment ? Pourquoi ne fait-elle pas ? Que devons alors, nous, faire ?
AGGIR comporte 10variables discriminantes de la perte d'autonomie et 7variables domestiques et sociales.
Chaque variable a trois modalités (J.O. 30/04/97) et répond à 4 adverbes :
– A : spontanément, totalement, habituellement et correctement (bien) ;
– B : fait seul mais partiellement, ou non habituellement ou non correctement (mal) ;
– C : ne fait pas ou fait avec aide, ou on fait faire ou on doit refaire.
Spontanément c'est-à-dire sans qu'on lui dise de le faire.
Totalement c'est-à-dire d'un bout à l'autre de l'acte à effectuer.
Habituellement est la référence à la fréquence dans le temps.
Correctement est la référence à l'environnement conforme aux usages et aux moeurs et avec une rapidité convenable.
La « valeur » du A, B ou C est différente dans le logiciel suivant la variable à laquelle elle se rapporte.
Sur le terrain, on constate que beaucoup d'agents codent A si l'action se rapportant à l'item est effectuée totalement et correctement mais négligent « spontanément », c'est-à-dire sans aucune incitation.
Habituellement tous les jours : conséquence, on obtient des A qui en fait sont souvent des B car les actions sont effectuées non spontanément et/ou non habituellement.
Nous avons donc réécrit le guide des consignes de passation de l'évaluation AGGIR, clarifié et précisé la formulation des questions et aménagé la grille de saisie en obligeant les évaluateurs à s'interroger sur chaque adverbe et à répondre oui ou non à chacun d'eux pour chaque item. C'est la synthèse des oui et/ou des non pour chaque adverbe qui permet d'aboutir de façon beaucoup plus précise à la cotation finale globale de l'item : A, B ou C.
Fiche récapitulative de l'évaluationLes variables du modèle AGGIR
Les 10 premiers items sont ceux qui servent à déterminer le GIR du patient et la réflexion en aval sur le projet de soins sanitaires de base et relationnels ; mais le système AGGIR comprend également 7 variables dites « domestiques et sociales » indispensables parmi d'autres éléments de réflexion à l'élaboration du « plan d'aide sociale ».
L'entrée des données dans le programme informatique AGGIR vous donnera le groupe iso-ressource de votre patient.
Ce logiciel ne repose pas sur un score total : il regroupe différents types de perte d'autonomie requérant la même charge de soins. Il est donc normal que dans certains groupes figurent des situations cliniques de perte d'autonomie sensiblement différentes et même parfois très différentes comme par exemple des déments déambulants et des grabataires lucides et participatifs dans le groupe 2. Ces patients différents correspondent pourtant à la même (iso) charge de travail.
Typologie des 6 groupes d'AGGIR
Le groupe1.
Il s'agit de personnes ayant perdu leur autonomie mentale, corporelle, locomotrice et sociale et qui nécessitent une présence indispensable et continue d'intervenants.
Dans ce groupe se trouvent, entre autres, des personnes en fin de vie.
Le groupe2.
Deux sous-groupes essentiels composent le groupe 2 :
– les grabataires lucides où dont les fonctions mentales ne sont pas totalement altérées et qui nécessitent une prise en charge pour la plupart des activités de la vie courante. Une majorité d'entre elles n'assurent pas seules tout ou partie de l'hygiène de l'élimination, de la toilette, de l'habillage et de l'alimentation ;
– les déments déambulants ou les détériorés mentaux graves qui ont conservé totalement ou significativement leurs facultés locomotrices ainsi que certaines activités corporelles que, souvent, ils n'effectuent que stimulés.
La conservation de leurs activités locomotrices induit une surveillance permanente, des interventions liées aux troubles du comportement et des aides ponctuelles mais fréquentes pour certaines activités corporelles.
Ces signes « productifs » induisant une lourde charge de travail expliquent pourquoi ces patients sont en groupe 2. Les variables cohérence et orientation pèsent très lourds dans la charge de soins induite.
Le groupe3.
Il s'agit essentiellement de personnes ayant conservé leur autonomie mentale et partiellement leur autonomie locomotrice, mais qui nécessitent quotidiennement et plusieurs fois par jour des aides pour leur autonomie corporelle. Ils n'assurent pas majoritairement leur hygiène de l'élimination tant anale qu'urinaire… Ils ne nécessitent pas une surveillance de tous les instants.
Le groupe4.
Deux sous-groupes essentiels dans le groupe 4 :
– ceux qui n'assument pas seuls leurs transferts mais qui, une fois levés, ont des activités de déplacement à l'intérieur du logement et qui par ailleurs doivent être aidés ou stimulés pour la toilette, l'habillage et qui, presque tous, s'alimentent seuls ;
– ceux qui n'ont pas de problèmes locomoteurs mais qu'il faut aider pour les activités corporelles, y compris pour les repas.
Pour ces deux sous-groupes, il n'existe plus de personnes n'assumant pas seul et totalement l'hygiène de l'élimination, mais des aides ponctuelles ou partielles peuvent être nécessaires.
Pour ces personnes, les aides de tiers sont indispensables au lever, aux repas, au coucher et ponctuellement sur demande de leur part.
Les groupes5 et 6 ont une bonne validité pour les actes physiques et psychiques, mais il convient de prendre en compte deux variables surtout au domicile +++ :
– le déplacement à l'extérieur,
– l'utilisation des moyens de communication à distance pour appel en cas de besoin.
Proportionnalité et valeur des différents groupes GIR. Les chiffres de proportionnalité des GIR, c'est-à-dire de la charge de travail requise, se répartissent comme suit :
– GIR 1 : 100 %,
– GIR 2 : 84 %,
– GIR 3 : 66 %,
– GIR 4 : 42 %,
– GIR 5 : 25 %,
– GIR 6 : 7 %.
Le GIR moyen pondéré.
Le GMP permet pour une population de déterminer la « lourdeur moyenne » du groupe, en agrégant les différents GIR des pensionnaires ; ainsi on parle du GMP à 620 d'une maison de retraite ou du GMP à 850 d'un service de soins de longue durée. Le budget des soins des établissements va désormais être calculé en fonction du GMP et du PMP (PATHOS moyen pondéré).
En conclusion
La ventilation, en 6 groupes iso-ressources permet la tarification graduée de la prise en charge de la perte d'autonomie des personnes âgées. Le langage commun que nous avons adopté nous permettra désormais de travailler ensemble au niveau d'un département, d'une région, voire de l'ensemble du pays pour enfin disposer d'une connaissance tangible de l'état d'autonomie des personnes âgées et des moyens requis pour faire face à leur perte d'autonomie.
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