Deux logiciels médicaux en ligne
Les conditions seraient donc aujourd'hui favorables. Et Fabrice Greenbaum le fondateur et ex-directeur d'Axilog compte bien ne pas laisser passer la fenêtre de tir. «Après avoir lancé le premier logiciel médical sous Windows, en 1987, voici la première solution logicielle de gestion de cabinet médical en mode ASP.NET [technologie de présentation de la plate-forme .NET de Microsoft, ndlr] », annonce-t-il. Il va présenter Medicalnet ce 8 mars aux côtés d'Uwe Eibich, membre du comité de direction de Compugroup. Le groupe, déjà propriétaire d'Axilog et dont les logiciels rassemblent 200 000 médecins (en Allemagne, en Italie, en Turquie et en France), a investi depuis deux ans sur ce projet de produit en ligne européen. Medicalnet sera multilingues et la France a été choisie comme pilote. Pour Fabrice Greenbaum, les trois mots-clés de Medicalnet sont liberté, mobilité, simplicité. Le médecin se connecte là où il se trouve et s'authentifie avec sa CPS. La télétransmission est interfacée avec Axiam. Des Webservices Vidal sont intégrés pour sécuriser la prescription. Enfin, la fonction Top Synchro permet de récupérer en temps réel toutes les données sur son poste (s'il y a une coupure d'Internet, par exemple). Le service sera proposé avec un abonnement mensuel et sans engagement. Fabrice Greenbaum espère séduire 1 000 médecins d'ici à la fin de 2007. Dans la version 2, le médecin pourra inviter un correspondant à venir consulter en ligne certains documents.
Medicalnet a déjà un concurrent sur le terrain, le logiciel allodoc.com qui avait tenté de se positionner sur le DMP, et qui vient de s'associer aux télésecrétariats Médifil et Thelem, actifs l'un sur la région parisienne (2 000 médecins) et l'autre autour de Lyon (1 000 médecins). Les clients de ces deux sociétés vont se voir proposer en même temps que la prise de rendez-vous en ligne pour leurs patients, un logiciel médical généraliste complet accessible par CPS avec comptabilité, ordonnance (avec le Vidal CD), dossier patient, codage CIM 10 et même évaluation des pratiques professionnelles en participant à l'observatoire de la Sfmg dont le dictionnaire est intégré. Les données sont hébergées par Prosodie, opérateur de services en ligne. Les patients qui ont reçu leurs identifiants personnels peuvent accéder à leur dossier. «Allodoc est gratuit, explique le Dr Marc Pericoi, gérant de la société allodoc.com, il sera financé par la publicité. Le seuil de rentabilité sera atteint dès 1000médecins.» Allodoc a déjà 250 utilisateurs. Olivier Durin, de Médifil est confiant : «Ouvrir l'agenda du médecin au patient, c'est le futur, et c'est le complément de la consultation du dossier.»
Encore des réticences
Les autres éditeurs pensent qu'il est encore trop tôt pour ce saut technologique. «Il faut être prudent, le dossier médical en ligne fait encore peur», note le Dr Peter El Baze. «J'y crois à l'horizon 2030, quand les médecins seront tous en super-Adsl», renchérit Bruno Lenfant (Avenir télématique, 123 Santé).
Mais ils y pensent. «J'ai fait des tests en déporté, c'est plus lent mais ça fonctionne, confie Jean-Louis Chiavelli (Adamis, Altyse), à terme, cela va s'imposer.»
Les éditeurs le pressentent parce que les médecins sont de plus en plus nombreux à faire leur mise à jour par Internet :
«40% du parc Medistory pratique des mises à jour automatiques une fois par mois», évalue Thierry Kauffmann (Prokov éditions).
C'est entré dans les moeurs avec les interfaces de Microsoft ou d'Apple qui n'arrêtent pas de proposer des mises à jour des applicatifs et des antivirus.
«Il n'y a pas si longtemps, certains médecins éteignaient le modem chaque soir par peur des intrusions», rappelle Yves Martin (Ouvrez-la-Boîte, Shaman). Un comportement qui a disparu. Aujourd'hui, le médecin qui est en Adsl est plus détendu. «Le “en ligne” va arriver, confirme Waël Kombar, chez Maidis, carl'informatique est assez complexe et l'on voit beaucoup de médecins avec des soucis de maintenance, obligés d'avoir plusieurs interlocuteurs, alors qu'ils n'ont en tête qu'un seul objectif: que ça fonctionne.»
Pionnier des services en ligne et de la télémaintenance avec son logiciel Docware (et des liaisons spécifiques), Cegedim Logiciel Médicaux continue à s'investir : «Le “en ligne”, c'est l'avenir en termes de qualité de service et pour la souplesse apportée au médecin, déclare Régis Sénégou, il dispose ainsi toujours de la dernière version qui va bien. Mais la mise à jour reste volontaire et pas automatique. En revanche, pour utiliser un logiciel en ligne, le médecin n'est pas prêt, même si, c'est techniquement possible pour l'éditeur: il faut se contenter de lui apporter des services sur son poste de travail».
Lors d'un atelier permanent organisé par Axilog, le 15 mars pendant le MEDEC, Eddie Anoufa, directeur général, présentera l'accès à distance du dossier médical avec un utilitaire installé sur un ordinateur portable ou une clé USB par connexion VPN sécurisée. «L'approche en ligne pour le logiciel, estime Nicolas Calloix, va séduire deux catégories de médecins, ceux qui sont en avance ou au contraire les récalcitrants.» D'où le désir de Compugroup d'offrir les différentes options.
Sauvegarde et agenda en ligne
Jugé trop lent par Thierry Kauffmann, le service de sauvegarde en ligne est proposé par quelques éditeurs. Une tentative avait été faite chez Crip sans grand succès. Depuis son entrée dans le groupe Sephira, le service est à nouveau à l'étude «sous une autre forme avec une nouvelle architecture».
MustInfo le propose depuis le 1er janvier à ses clients MediMust sur ces contrats de maintenance. Un service payant pour lequel Alain Adam vise 10 % du parc.
Chez CLM, on réfléchit à des services de sauvegarde dans le cadre de l'offre Adsl proposée aux utilisateurs.
C'est en fait Eglantine qui a été le premier à lancer le service avec quelque succès : «Nous avons déjà sauvegardé plusieurs centaines de giga-octets», estime le Dr Eric Jarrousse. Le haut débit (au moins 1 Mo) est de rigueur car les fichiers à sauvegarder pèsent en général plusieurs centaines de Mo. Mais, les sauvegardes quotidiennes sont moins longues. Eglantine backup est proposé à 5 euros par mois pour un 1 Go et 10 euros pour 2 Go (données cryptées en 128 bits).
Autre service en ligne : l'agenda. Plusieurs éditeurs proposent des passerelles Web pour exporter l'agenda du logiciel. Qu'il s'agisse pour le médecin ou la secrétaire de pouvoir le consulter à distance ou même de l'ouvrir à d'autres personnes (avec des certificats spécifiques).
Des plates-formes de service
De plus en plus, l'important pour l'éditeur, c'est au fond de communiquer avec ses utilisateurs et de lui fournir tous les services dont il a besoin.
Hellodocnet lancé l'an dernier se développe avec des informations sur l'utilisation du logiciel, une mise à jour régulière des bases de données Vidal, des actualités et services pour la pratique quotidienne. VIP chez Axilog offre deux fois par semaine au médecin un bulletin d'information en quatre parties : pratique professionnelle, utilisation du logiciel, espace communauté par spécialité et volet régional.
Pour Eric Jarrousse, avec le haut débit en Adsl, les services en ligne se sont invités chez le médecin : «Nous avons intégré le canal de communication Ariane qui est en prétest chez une centaine de médecins.» Le médecin y trouve des messages personnels, des informations plus générales, les mises à jour disponibles, la lettre Eglantine, un flash d'information technique (signalement d'un problème chez un opérateur, par exemple).
Alors, demain, tous en ligne ?
* ASP ou application service provider, c'est-à-dire que le logiciel n'est pas installé dans le poste de travail, mais que le médecin se connecte à une plate-forme sur Internet pour retrouver son environnement de travail.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature