À CHAQUE ÉTAPE de son déplacement breton sur la santé, lundi dernier, Marisol Touraine a affiché sa « volonté de favoriser les coopérations et de faire travailler ensemble des professionnels de santé d’horizons différents ». La ministre de la Santé juge que « l’avenir n’est plus à l’exercice solitaire, mais au travail en équipes ».
Dans un auditorium brestois, au moins 250 personnes étaient réunies pour un échange avec la ministre - professionnels de santé, élus locaux et représentants de l’ARS. Alain Gautron, directeur général de l’ARS de Bretagne, a dressé le tableau de la situation démographique régionale : une densité médicale dans la moyenne française mais des perspectives préoccupants. Environ25 % des médecins partiront à la retraite dans les 5 ans à venir, d’où la nécessité d’anticiper. D’ores et déjà, 12 étudiants ont signé un contrat d’engagement de service public (CESP).
Ce système de bourses anti-déserts divise les étudiants bretons. « Le problème du CESP, a expliqué un carabin à la ministre, c’est qu’on nous demande de nous installer tout de suite après les études. Il nous manque un sas entre les études et l’installation ». Une jeune interne abonde : « avec le CESP, on nous demande de nous engager à l’aveugle pour exercer ensuite dans une zone sous dotée alors qu’on ne sait même pas si on veut être hospitalier ou libéral, généraliste ou spécialiste ! ».
Cabinet vide.
La promesse ministérielle d’un stage en cabinet libéral pour 100 % des étudiants de deuxième cycle n’est pas jugée suffisante. « Si on veut vraiment faire découvrir le métier de généraliste en zone rurale,il faudra développer les aides en matière de transport pendant ces stages souvent éloignés de la fac », insisteAldric Lucas, représentant des internes brestois. Marisol Touraine y travaille, promet-elle.
Un maire d’une commune rurale se désole. À la suite du départ du seul généraliste, il a fait construire un cabinet mais ne trouve personne pour l’occuper. Marisol Touraine répond que cet exemple prouve que le préalable à une implantation réussie, c’est le projet médical et non les murs. « Ce projet doit venir des médecins eux-mêmes, avec l’appui de l’URPS et de l’ARS », continue Marisol Touraine. Elle prévient que « demain, il n’y aura plus un médecin dans chaque village comme avant, mais des pôles de santé dans chaque bassin de vie ».
La ministre de la Santé convient que son pacte territoire-santé contre les déserts médicaux « ne contient pas de recette miracle. Mais la coercition non plus, même si je comprends les élus qui l’appellent de leurs vœux ».
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