La ministre de la Santé a fait le service minimum avec les libéraux de santé. Retenue à l’Assemblée pour l’examen de la réforme des retraites, Marisol Touraine a adressé un court message vidéo aux cadres du centre national des professions de santé (CNPS). Une méthode qui s’est répétée à plusieurs reprises. « Je veux vous rassurer, le cap que j’ai fixé pour ces transformations n’est en aucun cas une étape vers une étatisation de la médecine libérale », a-t-elle affirmé, ajoutant qu’elle comptait sur les « forces vives » des libéraux pour « porter » la nouvelle stratégie nationale de santé.
La preuve : pour encourager le travail en équipe pluridisciplinaire, l’expérience des nouveaux modes de rémunération a été prolongée d’un an. Le PLFSS prévoit que 150 nouvelles équipes en bénéficieront en 2014. Une négociation interprofessionnelle doit s’ouvrir au début de l’année prochaine pour déterminer les contours des futures rémunérations des équipes.
Des intentions mais peu de moyens
Ces quelques paroles ont laissé sur leur faim les cadres du CNPS, qui fédère les 400 000 libéraux de santé. La ministre a essuyé de timides sifflets. Le président du CNPS, Philippe Gaertner, avait auparavant souligné l’insuffisance de l’enveloppe réservée aux équipes professionnelles dans le PLFSS 2014. Difficile selon lui de parler de « révolution de la médecine de recours ». « Ces 20 millions d’euros – comparés aux 180 milliards d’euros du budget de la Sécu, NDLR – font triste figure, le compte n’y est pas », a-t-il déclaré... « Nous attendons une révolution des financements », a ironisé Philippe Gaertner.
Le CNPS, qui a rencontré successivement le nouveau secrétaire des ministères sociaux Pierre-Louis Bras et le directeur de cabinet de Marisol Touraine a demandé la constitution d’un groupe de travail sur ce dossier.
Non à la marchandisation
Les sujets d’inquiétude sont nombreux chez les libéraux de santé : le PLFSS prévoit une répartition des économies inéquitable, quatre fois supérieure pour la ville par rapport à l’hôpital, et un ONDAM historiquement bas à +2,4 % pour les soins de ville, tandis que le PLF projette de majorer de 40 % la cotisation foncière (CFE) des entreprises libérales en BNC.
La démédicalisation de la santé visuelle avec la suppression de la prescription médicale pour les lentilles de contact et l’autorisation de la vente des tests de grossesse en supermarché sont présentées comme une « dérive progressive de la santé vers le secteur marchand ».
Enfin, la réforme des retraites est également décriée car elle prévoit la « captation des réserves des professions libérales au profit d’autres régimes de retraite moins bien gérés ». « Nous refusons la perspective de cette totale étatisation », a prévenu Philippe Gaertner. Une mise en garde que n’aura pu entendre la ministre de la Santé... occupée à réformer les retraites.
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