L'histoire commence banalement et finit un peu comme un mauvais rêve : le jeudi 27 juin au matin, le Dr Michel Grimal, président de SOS-Médecins pour la Haute-Garonne, se trouvait dans sa voiture de service en plein centre-ville de Toulouse, à la recherche d'une place de stationnement pour aller soigner une patiente atteinte d'une douleur abdominale aiguë. Ne trouvant pas de place, et sachant que la patiente souffrait beaucoup, le Dr Grimal arrête son véhicule, « gênant partiellement la circulation » selon ses propres termes, le temps de contacter son secrétariat et de trouver une solution rapide.
« A ce moment-là, raconte-t-il, des fonctionnaires de police qui semblaient nerveux m'ont demandé de changer rapidement de place, ce qui m'était impossible puisque j'essayais de gérer la situation dans l'urgence par téléphone. » Le Dr Grimal assure qu'à aucun moment il n'a manifesté la moindre agressivité - « J'étais fatigué, mais vraiment pas agressif » -, mais il reconnaît bien volontiers qu'il n'a pas obtempéré à l'ordre des policiers, tout en essayant de leur faire comprendre l'enjeu de la situation. « A priori, continue-t-il, mes arguments ne les ont pas convaincus, ils m'ont alors violemment sorti de ma voiture, plaqué contre la portière, puis menotté brutalement et conduit au commissariat du Mirail où ils m'ont confisqué mon portable. J'étais en état de choc, je n'en croyais pas mes yeux. » Quelque temps après, le Dr Grimal récupère son portable et appelle son secrétariat pour que l'on envoie l'un de ses confrères au chevet de la patiente : « Bien m'en a pris, car cette personne a été hospitalisée en urgence pour un syndrome abdominal aigu ; en cas de problème, ma responsabilité aurait pu être engagée, et celle des policiers aussi. »
Le Dr Grimal sera libéré environ deux heures après, et il reste un peu amer, car « cela aurait pu se régler en deux minutes si l'on m'avait laissé téléphoner à la patiente pour m'enquérir de son état réel, et j'aurais circulé tout de suite après ». Le médecin est allé se faire établir un certificat médical de constatation de blessures pour des douleurs intercostales et des traces sur les poignets, et a reçu une incapacité temporaire de travail (ITT) de 24 heures.
Obstruction à assistance à personne en péril
Côté police, on adopte un profil bas. Interrogé par « le Quotidien », un fonctionnaire de police du service enquêteurs du commissariat du Mirail finit par reconnaître que « l'outrage à agents ne paraît pas constitué, mais il y a refus d'obtempérer. Cela a peut-être été un abus policier, je ne le sais pas à ce stade de l'enquête, mais l'abus de caducée, ça existe aussi... »
Le Dr Alain Gleises, président du conseil départemental de l'Ordre des médecins, tente d'apaiser le débat : « Je comprends fort bien que le métier de policier n'est pas toujours facile, mais celui de médecin non plus. Je connais personnellement le Dr Grimal, je peux vous dire que ça n'est ni un va-t-en guerre ni un Rambo, c'est un homme posé. De plus, dans une situation identique, tous les médecins auraient agi comme lui. »
Sur les suites éventuelles à donner à cette affaire, le Dr Grimal se veut positif : « Si les policiers reconnaissent qu'ils en ont fait un peu trop, si l'attitude de la préfecture est positive, si ça permet d'apporter un plus à l'organisation de la permanence des soins en profitant de l'occasion pour tout mettre à plat entre médecins, police et autorités, je passe l'éponge. Sinon, je porte plainte pour obstruction à assistance à personne en péril ».
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature