Pour la Mutualité française (FNMF), cela ne fait pas un pli, réforme de l'assurance-maladie il y aura et le remède se devra d'être « résolument novateur » si l'on veut en finir avec la « crise gravissime » que traverse actuellement le système de santé français.
Cela étant posé, il est logique que le poids lourd du régime de soins complémentaire (18 millions d'adhérents et 36 millions de personnes protégées à qui elle verse chaque année 9,2 milliards d'euros de prestations, dont 8,7 milliards strictement en frais de soins) profite de son 37e congrès, qu'ouvre ce matin à Toulouse le président de la République et que conclura samedi Jean-François Mattei, pour poser ses propres jalons. Le fait que les pistes jusqu'alors explorées par le gouvernement vont toutes dans le sens d'un transfert de charges du régime de base vers les complémentaires, la récente prise de position des assureurs privés sur le remboursement de l'optique ou du dentaire au premier euro (« le Quotidien » du 6 juin) ne peuvent que pousser la Mutualité à frapper un grand coup. D'où son projet d'adopter, de manière un petit peu solennelle, une « résolution générale » sur la réforme.
Axés sur le thème « Réduire les inégalités sociales : de l'assurance-maladie à l'assurance santé », les débats du congrès auront donc surtout pour objectif de finaliser des propositions dont la philosophie est fondée sur un élargissement du champ actuel de l'assurance-maladie. L'idée est de dépasser la notion de soins au sens strictement curatif et d'intégrer les notions de prévention, de suivi, de capacité à faire face au handicap et à la dépendance. Comment procéder ? « En régulant mieux les interventions entre les régimes obligatoires et les régimes complémentaires », répond la Mutualité dans son rapport destiné aux travaux des congressistes. « Nous voulons, précise Jean-Pierre Davant, qui préside la FNMF depuis plus de dix ans, que les mutuelles soient associées à la gestion du risque et aux actions collectives de régulation des dépenses de santé. » Paradoxalement, Jean-Pierre Davant estime que, pour parvenir à ces fins, les mutuelles doivent sortir « du conseil d'administration des caisses d'assurance-maladie ». Elles pourraient ainsi jouer « un rôle de vrai partenaire ». Autrement dit, si l'on demandait aux mutuelles de prendre davantage de choses en charge que ce qu'elles font aujourd'hui, il ne faudrait pas penser qu'elles se contenteraient d'un strapontin à la CNAM (Caisse nationale d'assurance-maladie). Dans l'esprit du président de la Mutualité, un « vrai partenaire », c'est un acteur à part entière du système, un quatrième pilier, logé à la même enseigne que les régimes obligatoires, les professionnels de santé et l'industrie pharmaceutique.
Difficile de savoir, pour l'instant, si les pouvoirs publics l'entendent de cette oreille. S'il s'est dit un temps que le discours que doit prononcer ce matin Jacques Chirac devant les 4 000 mutualistes attendus à Toulouse irait dans ce sens, cette perspective est devenue incertaine. La FNMF, qui se pose ouvertement en défenseur de la Sécurité sociale et du principe de solidarité de l'assurance-maladie (« les Echos » du 6 juin), attend pourtant le chef de l'Etat au tournant.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature