Faut-il se lever ? Rester assis ? Applaudir à l’arrivée du ministre, ou pas ? « Oui, mais en décalage » lance l’un. « Oui, mais mollement » rajoute un autre. « Surtout soyez à l’heure ! » s’inquiète Christian Jeambrun en mère poule, la veille du discours de Xavier Bertrand à Toulouse, le week-end dernier. Samedi matin, le président du SML peut souffler. À 9h pile, l’amphithéâtre est déjà plein à craquer et c’est en standing ovation que les 250 cadres du Syndicat des Médecins Libéraux accueillent un Xavier Bertrand souriant et espiègle. Un Xavier Bertrand qui avait, paraît-il, failli déclarer forfait en proposant un débat par visioconférence. C’était sans compter sur la détermination de Christian Jeambrun qui a insisté pour avoir le ministre en face de lui, en chair et en os. « Vous l’avez… Surtout en chair ! », plaisante, hilare, le ministre de la Santé. Des rires fusent dans la salle.
Secteur optionnel : un sujet qui fâche
C’est le moment ou jamais d’aborder le sujet qui fâche : le secteur optionnel. Le syndicat avait regretté que les secteur 1 n’en fassent pas partie. Xavier Bertrand joue la carte de la franchise et admet « ne pas avoir réussi à 100 % » tout en s’abritant derrière la « mauvaise humeur » d’une Mutualité qui fait des caprices en raison du relèvement de la taxe sur les contrats d’assurance. Mais pour le ministre de la Santé, même voté a minima, le secteur optionnel reste « une avancée pour les patients » sur la question des dépassements d’honoraires. Xavier Bertrand passe ensuite à l’attaque… et aux annonces : « je vais augmenter le numerus clausus » déclare-t-il en motivant ce choix par le fait que de plus en plus de médecins exercent à temps partiel « et ne dites pas que ce sont les femmes, les hommes aussi ! » lance-t-il aux cadres du syndicat.
Mais ce n’est qu’une mise en bouche parce que le ministre continue sur sa lancée et, tel un prestidigitateur, sort de son chapeau le tant attendu décret sur l’ASV, publié le matin même – timing parfait - au JO ! « Le maintien du régime ASV est publié ce matin » annonce-t-il, satisfait de rassurer les médecins sur un des sujets qui leur tient le plus à cœur: l’ASV un régime déficitaire, mais qui représente tout de même environ 40 % de la retraite des médecins (lire p. 11). Ce n’est pas la première fois que Xavier Bertrand arrive à se caler sur le calendrier du JO. Déjà, fin septembre, le ministre de la Santé avait réussi à prononcer son discours, à l’Université d’été de la CSMF, le jour même de la publication de la Convention médicale !
Une Convention qui sera, selon lui, la base, non pas des cinq mais « des dix prochaines années » grâce à sa principale innovation : le paiement à la performance. Même ce point en particulier est soutenu par le SML, le syndicat déplore plus largement des retards dans la mise en œuvre des accords conventionnels. Le ministre de la Santé ne l’oublie pas et enchaîne sur une note d’humour en filant la métaphore, signée Jeambrun, du « Tour de France de la Caisse ». « Vous n’êtes pas prêt de sortir le vélo (pour promouvoir les accords conventionnels NDLR) mais votre signature vous ne la regretterez pas, bravo pour le courage ! »
« Tout n’est pas au rendez-vous »
De son côté, le président du SML, même s’il a reconnu des avancées notamment sur la RCP et l’ASV a néanmoins rappelé au ministre que « tout n’est pas au rendez-vous ». Et de dresser à son hôte l’inventaire des sujets qui fâchent : délégation des tâches, manque de concertation entre ARS et URPS, DPC. Là aussi, parlant sans notes, Xavier Bertrand s’est montré rassurant. Et même sur le très controversé sujet des arrêts de travail abusifs, qui a fait polémique chez les médecins, le ministre de la Santé assume. Selon lui, sa quête est légitime. Entre 10 et 15 % des arrêts de travail de longue durée seraient injustifiés et les contrôles de la CNAM, systématiques sur ceux de longue durée, resteraient peu efficaces : « Il faut cibler les gros prescripteurs, leur demander des explications! » martèle le ministre. Quant aux bénéficiaires, ils devront, eux, « rembourser tout ou partie de l’arrêt de travail » injustifié. À en coire le ministre de la Santé, l’idée lui aurait été soufflée… par un médecin !
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