Toulon : un nouveau service pour désengorger les urgences

Publié le 29/01/2002
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A l'hôpital Fon-Pré de Toulon, les locaux des urgences sont vétustes et exigus, et sont d'autant plus encombrés qu'ils ne peuvent évacuer rapidement leurs patients vers les services de spécialités, eux aussi saturés.

D'où la décision de mettre en place un service supplémentaire d'accueil et d'orientation des urgences (ATOU), qui est dirigé par le responsable de l'ensemble des urgences, le Dr Gérard Pédrant. La coordination en est confiée au Dr Dominique Clairet, assistée du Dr Romain Landes.
Après un premier essai de trois mois pendant l'épidémie de grippe de l'hiver 2000, il a été décidé de poursuivre l'expérimentation pendant au moins trois ans. Le financement de ce service particulier est assuré par lagence régionale de l'hospitalisation PACA. Un « contrat d'objectif » engage tous les médecins de l'hôpital à venir y consulter et à accepter ensuite dans leur propre service les cas qui entrent dans leur spécialité.

Une meilleure régulation

« Le but est que l'ATOU ne devienne pas un service de médecine supplémentaire, mais un lieu de régulation, totalement intégré au service des urgences », explique le Dr Clairet.
Dans cette ville méditerranéenne à population vieillissante, la moyenne d'âge des patients admis aux urgences est de 70 ans. Selon les praticiens hospitaliers, ils arrivent souvent en ambulance, envoyés par leur médecin traitant qui ne peut continuer à les suivre à domicile, pour des raisons sociales ou médicales.
Si le patient passe par les urgences, c'est bien souvent faute de savoir à quel service de spécialité l'adresser, ou parce que le- service en question est saturé.
La plupart des patients âgés souffrent de polypathologies qu'il serait difficile de démêler en vingt-quatre heures, même s'il existait un service porte.
Difficile également de trouver un lit dans le service le plus adéquat. Moyennant quoi, des services inappropriés hébergent les malades venus des urgences, au détriment même de leur fonctionnement : il arrive souvent que des entrées de malades programmées dans certaines spécialités soient annulées parce que, dans la nuit, des patients venus des urgences ont été placés dans les lits qu'ils devaient occuper.
Par ailleurs, les malades arrivés par les urgences doivent attendre que des spécialistes soient appelés en consultation à leur chevet. « Ils ne sont généralement les malades de personne, alors qu'à l'ATOU ce sont nos malades ; nous coordonnons les examens en attendant de déterminer leur pathologie principale et de planifier leur entrée dans le bon service », explique le Dr Clairet.
A noter qu'avant la création de l'ATOU le taux d'inadéquation d'orientation des malades des urgences était de 48 %, ce qui augmentait les temps d'hospitalisation dans chacun des services de spécialité concernés.
Cependant, depuis le début du mois de janvier, la recrudescence de pathologies hivernales et l'engorgement des services en aval, empêchent le nouveau service de fonctionner de façon efficace : « Nous n'arrivons à libérer que quatre lits par jour pour les urgences, car il y a saturation dans les services », regrette le Dr Clairet. Mais depuis son ouverture en décembre 2001, l'ATOU a reçu 1 700 patients pour une durée moyenne de séjour de 2,9 jours, et plus de la moitié sont rentrés directement à domicile après ce temps d'examens et d'observation.
Un fonctionnement qui pourrait être encore amélioré si les services sociaux suivaient. Trop de malades âgés restent encore à l'hôpital pour des raisons financières, dans l'attente de l'instruction de leur dossier pour obtenir une aide ménagère, l'allocation personnalisée autonomie (APA) ou leur entrée dans une maison de retraite.

Françoise CORDIER

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7055