La prise en charge du tabagisme reste très insuffisante en Europe. Ainsi, une approche cognitivo-comportementale ou la prescription d'une aide thérapeutique ne sont proposées qu'à une minorité de patients.
SELON les recommandations françaises en vigueur, le tabagisme « est un des premiers facteurs responsables des décès par maladie cardio-vasculaire (maladie coronarienne, artériopathie, AVC) ». À court terme, il provoque spasmes coronaires et thromboses. Au long cours, il constitue un facteur de risque d'athérosclérose, le bénéfice de l'arrêt étant très rapide sur le plan vasculaire (« le risque cardio-vasculaire dépend des cigarettes des derniers jours »).
J. Heidrich et coll. ont entrepris d'évaluer ce paramètre après une hospitalisation pour insuffisance coronaire, ainsi que l'attitude des patients face aux changements comportementaux qui s'imposent et le type de prise en charge proposé, chez un échantillon important de coronariens en Europe dans le cadre de l'étude Euroaspire III. Celle-ci a été réalisée en 2006 et 2007 chez des coronariens de moins de 80 ans issus de 22 centres en Europe. Elle a porté sur 8 966 patients interrogés et examinés de manière standardisée en moyenne quinze mois après leur hospitalisation. Des dosages de monoxyde de carbone dans l'air expiré ont été pratiqués chez 8 945 participants, soit la quasi-totalité de l'effectif de l'étude. L'interruption tabagique a été évaluée chez les patients qui fumaient le mois précédant leur hospitalisation.
Au total, en moyenne, 17 % des patients fumaient lors de l'évaluation. Ce pourcentage a varié d'un centre à l'autre de 10 à 24 %. Les hommes fumaient davantage que les femmes (19 % contre 11) et les jeunes beaucoup plus que les sujets plus âgés (38 % chez les moins de 50 ans contre 6 % chez les septuagénaires et au-delà). Environ 48 % des tabagiques avant événement coronaire ont continué à fumer après leur hospitalisation, chez les femmes comme chez les hommes. Là encore, une dispersion des résultats d'un centre à l'autre a été constatée, les extrêmes étant 27 et 66 %. La grande majorité des fumeurs avaient reçu au moins une recommandation verbale leur indiquant qu'ils devaient cesser. Une prise en charge plus élaborée, comme la détermination d'une date d'arrêt, la mise en place d'un plan d'action, une approche cognitivo-comportementale, ainsi que la prescription d'une aide thérapeutique, n'a été réalisée que chez une minorité de malades, de 2 à 12 % selon la méthode, les timbres et les gommes restant les plus prescrits. Deux fumeurs sur trois en moyenne (de 0 à 87 %, selon les centres) ont déclaré avoir réduit leur consommation et 11 % ont rechuté après une tentative d'arrêt. L'attitude des praticiens a été semblable vis-à-vis des hommes et des femmes, sans différence en fonction de leur classe d'âge.
Ainsi, la prise en charge du tabagisme reste plus que jamais une nécessité, en particulier après événement coronaire ayant motivé une hospitalisation. En effet, un patient sur deux continue à fumer…
Heidrich J. Results from the EUROASPIRE III study. Eur Heart J 2008 ; 29 : 699 (abs. 4227).
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