« Le suivi régulier des taux de couverture vaccinale dans la population est une des mesures clefs de la surveillance des maladies infectieuses », soulignent les auteurs (InVS et ministère de la Santé) d'une étude sur la couverture vaccinale publiée dans le « BEH » (n° 36/2003).
Or les chiffres dispersés de 2001, dans l'attente des enquêtes lancées en milieu scolaire (triennales) et dans la population générale (INSEE, CREDES), mettent en évidence les failles du système, auxquelles on peut remédier.
Pour les enfants de deux ans, la couverture vaccinale est très satisfaisante en ce qui concerne les vaccins les plus anciens, diphtérie, tétanos, poliomyélite et coqueluche. De même pour le BCG en tenant compte du rattrapage qui s'opère lors de l'entrée en collectivité et qui permet d'obtenir une couverture de 95 % des enfants de six ans. Ou la vaccination contre les infections à Hib ( Haemophilus influenzae b) qui a provoqué une réduction spectaculaire de l'incidence des méningites chez les moins de un an, passée de 33,2 pour 100 000 en 1992 à 1,4 pour 100 000 en 2000.
ROR et hépatite B
En revanche, stagnant aux alentours de 83 % en moyenne, la couverture est insuffisante pour la rougeole, la rubéole, les oreillons et l'hépatite B. Au risque, pour la rougeole, par exemple, d'un déplacement des cas de l'enfance vers l'adolescence et l'âge adulte, avec davantage de complications. Le « BEH » relève que les médecins du sud de la France sont en moyenne moins sensibilisés à la pratique des vaccins et que les ligues antivaccinales y sont plus présentes.
Le cas de l'hépatite B est, on le sait, particulier. Avec les campagnes de vaccination en milieu scolaire, dans les années 1990, la couverture avait atteint le taux espéré pour les jeunes (de 74 à 83 %). Mais les inquiétudes suscitées par la notification d'affections démyélinisantes centrales chez des adultes vaccinés ont fait chuter le nombre de vaccinations, même si aucune étude n'a confirmé l'existence d'une relation causale entre la vaccination et l'apparition d'une telle affection. Et aujourd'hui la couverture des enfants de deux ans reste inférieure à 30 %. L'espoir en la matière réside dans le vaccin hexavalent, qui, comme le notait le Conseil supérieur d'hygiène publique de France, est « de nature à faciliter l'acceptation par les parents » de la vaccination anti-VHB. Le calendrier vaccinal 2003 (« le Quotidien » du 4 février) précise : « Pour les nourrissons dont les parents préfèrent que la vaccination contre l'hépatite B soit faite en même temps que les autres vaccins par une seule injection, les vaccins combinés hexavalents contre la diphtérie, le tétanos, la coqueluche (vaccin acellulaire), la poliomyélite (vaccin inactivé), les infections invasives à Haemophilus influenzae de type B et l'hépatite B peuvent être utilisés. »
Dans tous les cas, il faut améliorer le rattrapage vaccinal chez les enfants et, pour la rubéole, chez les jeunes filles. Il faut aussi améliorer les rappels chez l'adulte, d'autant que la suppression du service militaire a fait perdre une occasion de remettre à jour les calendriers vaccinaux. Si la situation n'est pas inquiétante pour la poliomyélite et la diphtérie (aucun cas autochtone depuis 1989 à l'exception de celui survenu chez une jeune femme arrivée de Chine un mois auparavant), il n'en est pas de même pour le tétanos, en la présence d'un réservoir autre qu'humain et en l'absence d'immunité de groupe. Entre 1996 et 2001, on a ainsi recensé 160 cas chez les plus de 70 ans.
Les auteurs de l'étude du « BEH » attendent avec impatience les données sur les six-quinze ans et les seize ans et plus, notamment pour apprécier plus précisément la pratique de la seconde dose pour rougeole-oreillons-rubéole et savoir à quel âge les enfants reçoivent les différentes doses et le rappel pour les antigènes à doses multiples.
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