À L'OCCASION de la Journée mondiale du refus de la misère, le rapport 2008 de Médecins du monde sur l'accès aux soins des plus démunis dénonce à nouveau les médecins qui refusent de prendre en charge les bénéficiaires de la CMU et de l'AME.
Le constat est clair : les patients ignorent toujours leurs droits et les médecins, leurs devoirs. Malgré le plan Xavier Bertrand mis en place à la fin 2006, à l'issue d'une concertation entre l'ensemble des partenaires (Ordre des médecins, syndicats professionnels, assurance-maladie, associations d'usagers, Halde), le phénomène a la vie dure. L'équipe de MDM de Nice a contacté au cours du premier semestre 2008 les 64 gynécologues qui exercent dans la préfecture des Alpes-Maritimes, tous secteurs confondus. Quinze ont refusé «très nettement» de recevoir des patientes, qu'elles soient sous le régime de l'AME (aide médicale d'État) ou de la CMU (couverture maladie universelle). Neuf ont refusé pour des raisons diverses (quotas atteints, pas de nouvelles patientes...). Trois ont refusé en raison de leur spécialisation PMA. Huit ont accepté des patientes CMU à condition quelles soient titulaires de la carte Vitale. Cinq praticiens ont accepté de recevoir les patientes mais avec des délais de rendez-vous «assez longs», qui pourraient être interprétés comme des refus déguisés. Dix n'ont pu être joints. En fin de compte, seuls quatorze de ces spécialistes niçois, soit 21,87 %, ont accepté de recevoir les patientes AME ou CMU sans conditions.
« Griefs admissibles ».
Se référant aux précédentes alertes lancées depuis 2006, le rapport souligne que les médecins généralistes accueillent davantage de bénéficiaires de la CMU que les spécialistes ou les chirurgiens-dentistes. Et il dénonce une circulaire de la CNAM qui propose aux professionnels de santé une liste de «griefs admissibles» qui peuvent les conduire à émettre des réclamations contre les bénéficiaires de la CMU : «retards injustifiés, rendez-vous manqués et non annulés, traitements non suivis ou interrompus». Un argumentaire que l'association qualifie de «stupéfiant».
Également épinglé, l'hôpital. Alors que la loi de 1998 qui institue les PASS (permanences d'accès aux soins) en prévoit cinq cents pour couvrir tout le territoire, le dernier recensement en dénombre trois cent soixante-neuf. Et près de la moitié d'entre eux ne reçoivent pas les patients sans droit à une couverture maladie, au mépris de leur mission.
L'état de santé des 24 092 patients reçus l'an dernier dans les 22 centres de MDM continue cependant de se dégrader : 50 % d'entre eux souffrent de pathologies qui nécessitent une prise en charge d'au moins six mois.
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