« Deux choses sont importantes à considérer en matière de cancer du sein, explique au « Quotidien » le Pr Claude Jasmin . D'une part, le choc psychologique, la mutilation et, d'autre part, l'espoir de guérison. En matière de survie, nous avons fait de sérieux progrès et de nouveaux espoirs sont récemment apparus. Les débuts de l'immunothérapie du cancer du sein avec l'herceptine sont très prometteurs. Ce traitement pourra certainement être utilisé en adjuvant.
« En matière de prévention, poursuit le Pr Jasmin, les SERMs (Selective Estrogen Receptor Modulators) sont aussi porteurs de beaucoup d'espoirs. Des essais cliniques sont en cours aux Etats-Unis, en Italie et au Royaume-Uni avec le raloxifène et le tamoxifène. La France n'est pas en avance dans ce domaine, or la prévention du cancer du sein n'est-elle pas le meilleur moyen d'éviter la souffrance des femmes ?
« L'autre problème soulevé dans le témoignage de Mme Rousselet-Blanc est la souffrance morale. Dans ce domaine, le public n'a pas conscience de l'inadéquation entre la demande de soutien et les besoins. A Paul-Brousse par exemple, l'unité de soins palliatifs et de soutien psychologique, constituée d'une équipe extrêmement bien formée, ne dispose que de dix lits, ce qui permet de prendre en charge de 100 à 130 patients par an seulement. A l'échelon national, le nombre de lits en unité de soins palliatifs, pour toutes les pathologies confondues, est de 500 à 600 ; c'est peu. Il faut bien comprendre que cette prise en charge doit être faite par des personnes compétentes et dans des structures capables de répondre précisément à la demande.
« Un nombre non négligeable de patients sont déjà suivis par des psychiatres, des psychomotriciens et des psychologues mais les moyens sont encore insuffisants en qualité et en quantité, surtout lorsque la maladie se complique et que la souffrance morale et physique s'aggrave. Par exemple, le nombre de postes de psychologues disponibles lors du dernier concours de recrutement de l'AP-HP était de quarante-cinq.
« Enfin, il ne faut pas oublier que la souffrance des femmes a également régressé grâce aux progrès de la chirurgie qui est nettement plus conservatrice. On peut citer la technique du ganglion sentinelle, qui consiste à analyser le premier ganglion de la chaîne lymphatique axillaire après injection d'un produit de contraste et d'un produit radioactif. Si ce dernier n'est pas touché, le curage ganglionnaire n'est pas pratiqué, ce qui permet d'éviter d'importants désagréments. Les jeunes cancérologues doivent en être conscient : beaucoup de choses restent à faire pour améliorer la prise en charge du cancer du sein. »
CANCER : LE DEFI PERMANENT
Toujours des progrès mais encore des carences
Publié le 14/06/2001
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Propos recueillis par le Dr C. D.
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Source : lequotidiendumedecin.fr: 6937
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