Jean-François Mattei va détailler aujourd'hui devant la commission des comptes de la Sécurité sociale, parmi d'autres (voir « le Quotidien » d'hier), son projet de révision à la hausse du forfait hospitalier.
Ce choix d'augmenter la participation financière des assurés (aujourd'hui de 10,67 euros par jour) aux frais d'hébergement et d'entretien liés à l'hospitalisation, non remboursée par la Sécurité sociale mais éventuellement prise en charge par les assurances complémentaires, avant même d'être précisément chiffrée (la réévaluation pourrait atteindre les 12 ou 13 euros, disait-on la semaine dernière), a suscité de nombreux commentaires plus que défavorables.
L'opposition a ouvert le bal. Le Parti socialiste stigmatise les conséquences de la mesure. Elle « pénalise les plus modestes », s'insurge Alain Claeys, secrétaire national du PS à la santé : « Les personnes se situant juste au-dessus du seuil d'accès à la CMU (couverture maladie universelle) seront frappées de plein fouet, d'autant que la plupart ne disposent pas d'assurance complémentaire ». Le PS reproche aussi au gouvernement d'avoir pris une décision « dans la précipitation » et de ne l'avoir accompagnée « d'aucune réforme structurelle du système de santé ».
Au parti communiste, où l'on est « pour la gratuité des soins et donc pour la suppression (du forfait hospitalier) », on évoque, purement et simplement, un « nouveau hold-up contre les Français ». Dans un communiqué, le PC accuse : « Après les déremboursements de médicaments, cette décision confirme la volonté du gouvernement de creuser les inégalités et de faire une médecine à deux vitesses ». Maxime Gremetz, député PCF de la Somme, crie au « scandale » et explique que « cette décision particulièrement inégalitaire va une nouvelle fois frapper la France d'en bas (...) ; petit à petit le gouvernement Raffarin remodèle la société française à l'image de la jungle ».
La pilule ne passe pas plus du côté de la CFDT dont le secrétaire national, Gaby Bonnand, affirme que le prochain relèvement du forfait hospitalier « n'est pas acceptable ». Cette perspective, « annoncée au moment où va s'engager une concertation pour une réforme de l'assurance maladie (...) conduit à un transfert de charge vers les complémentaires qui couvrent ce forfait, avec pour effet le risque d'une augmentation de cotisations, ou directement vers les usagers qui n'ont pas de complémentaire », explique Gaby Bonnand.
« Une politique de gribouille »
Les mutuelles, qui se retrouvent effectivement devant l'alternative « rembourser moins ou revoir les primes à la hausse », sont, logiquement, en colère. A commencer par la plus grosse d'entre elles - la Mutualité, qui représente 95 % des mutuelles de santé. Son président, Jean-Pierre Davant, ne mâche pas ses mots. Si le forfait hospitalier devait passer à « près de 12 euros », cela représenterait, dit-il, un « coût insupportable pour les 3 millions de Français qui n'ont pas de couverture complémentaire et dont les revenus se situent juste au dessus du seuil leur permettant de bénéficier de la CMU ». Un tel niveau « représentera plus de 60 % du minimum vieillesse pour un mois d'hospitalisation », fait valoir Jean-Pierre Davant, ajoutant : « c'est accroître les inégalités d'accès aux soins en touchant les plus fragiles d'entre nous ». Le président de la Mutualité déplore en outre que « les mutuelles, qui supportent l'essentiel du forfait, sont mises devant le fait accompli », victimes d' « une décision totalement étatique ». La Mutuelle générale de l'Education nationale (MGEN), première mutuelle de France par le nombre d'adhérents, participe elle aussi au tollé et dénonce une mesure qui « n'est que politique de gribouille » et « ne porte aucune amélioration ou restructuration de l'offre de soins ». La MGEN poursuit : l' « objectif ne vise qu'à la réduction des budgets hospitaliers grâce à des " recettes de poche " prélevées sur les personnes hospitalisées (...). Le gouvernement a préféré temporiser plutôt qu'assumer la responsabilité de décisions difficiles pour ramener à l'équilibre les comptes de l'assurance maladie ».
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