Alcool

Tolérance zéro pendant la grossesse

Publié le 04/01/2005
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EFFETS TERATOGENES,augmentation des avortements spontanés et des accouchements prématurés, déficits fonctionnels et retard de développement intellectuel, etc., la liste des effets néfastes, pour les enfants, de la consommation d'alcool au cours de la grossesse est longue. Dans une expertise collective publiée en septembre 2004, l'Inserm a également rappelé le rôle de l'exposition in utero à l'alcool dans la survenue de déficiences ou de handicaps d'origine périnatale. Dans notre pays, elle représente la première cause de retard mental d'origine non génétique de l'enfant. La prévalence du syndrome d'alcoolisation foetale varie selon l'importance de la consommation d'alcool. Si, selon les estimations, sa prévalence globale est à 0,97 pour 1 000 naissances vivantes, un chiffre de 43 pour 1 000 est rapporté lorsque les femmes enceintes boivent plus de cinq verres par occasion.
Ces conséquences surviennent pour des consommations modérées. Bien que décrites de longue date, elles restent largement méconnues du grand public. En 2002, avec l'assurance-maladie, le Comité français d'éducation pour la santé (aujourd'hui Institut national de prévention et d'éducation pour la santé) avait lancé une campagne d'information recommandant une « consommation zéro » pour les femmes enceintes. Promouvoir l'abstinence durant la grossesse est actuellement le seul moyen de prévention efficace car il n'existe pas de dose seuil connue en deçà de laquelle il n'y a pas de risque. Malgré les efforts d'information du public sur les dangers de l'alcool, la situation reste préoccupante.

Plaidoyer pour un étiquetage des bouteilles. C'est à la suite de l'ouverture en août dernier, par le parquet de Lille, d'une enquête préliminaire sur les dangers de l'alcoolisation du fœtus que le ministre de la Santé a plaidé pour la nécessité de faire figurer sur les étiquettes des bouteilles d'alcool une mise en garde concernant les femmes enceintes. Une mesure déjà réclamée par la communauté médicale, mais qui avait été écartée lors d'un débat au Sénat en janvier 2004, suscitant de la part du Collège national des gynécologues et obstétriciens français un communiqué de presse dans lequel il soulignait sa déception. Depuis, la donne semble avoir changé. En effet, un amendement pour la prévention de l'alcoolisation foetale, via l'étiquetage des bouteilles, a été voté au Sénat en octobre dernier (dans le cadre d'un projet de loi sur les droits des handicapés). Il stipule que « toutes les unités de conditionnement des boissons alcoolisées portent, dans les conditions fixées par arrêté du ministère chargé de la Santé, un message à caractère sanitaire préconisant l'absence de consommation d'alcool par les femmes enceintes ». On attend maintenant sa validation par l'Assemblée nationale.

>Dr C.F.

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7659