Simultanément à Seattle et dans le « Lancet », Simon Mallal et coll. (Royal Perth Hospital, Australie) annoncent leur recherche sur un déterminisme génétique à l'origine de l'hypersensibilité à l'abacavir. Il s'agit d'une étude menée chez 200 patients séropositifs traités par cet inhibiteur nucléosidique de la reverse transcriptase. Ils se sont concentrés sur l'analyse des gènes du complexe majeur d'histocompatibilité (CMH). Une hypersensibilité à l'abacavir a été identifiée chez 18 patients, tandis que la bonne tolérance au produit était confirmée chez 167 autres sujets après 6 semaines de traitement.
L'haplotype 57.1
Les médecins ont ainsi déterminé que les sujets porteurs de l'allèle HLA-B5701 présentent une probabilité cent fois plus importante d'accident d'hypersensibilité à l'abacavir. Cet allèle est trouvé chez 14 patients (78 %) des 18 patients ayant eu un accident et 4 (2 %) des 167 sujets tolérants (p < 0,0001).
La région génétique marquée par la combinaison d'un ou de plusieurs caractères HLA-B5701, HLA-DR7 et HLA-DQ3 (l'haplotype ancestral 57.1) est trouvée chez 13 (72 %) des patients hypersensibles et aucun des sujets tolérants. Tous les patients ayant cet haplotype au complet présentent une hypersensibilité. La valeur prédictive positive de l'haplotype 57.1 est de 100 % et sa valeur prédictive négative est de 97 %. Sa prise en compte dans l'étude rapportée permet de diminuer la prévalence de l'hypersensibilité de 9 à 2,5 %.
Si la caractérisation de ce trait génétique peut aider à éviter un risque de complication, il faut souligner que le fait de ne pas le trouver ne peut écarter toute probabilité. La vigilance clinique reste de mise.
Dans un éditorial accompagnant la publication, Amalio Telenti (Lausanne) indique : il est à prévoir qu'une analyse de douzaines de gènes pourrait être réalisée dans un avenir plus ou moins lointain. A cet égard, l'utilisation des « puces à ADN » (microarrays), permettant l'analyse d'un grand nombre de données génétiques dans une seule opération, devrait rendre la tâche possible.
Les décisions sur le moment optimal pour commencer un traitement, les combinaisons thérapeutiques les plus appropriées et les moins toxiques pourraient être fondées sur un profil génétique.
« Lancet », vol. 359, 2 mars 2002, pp. 727-732, et éditorial, pp. 722-723.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature