Emmanuelle Quilès, la nouvelle présidente de Pfizer en France, le premier des laboratoires pharmaceutiques internationaux, rebaptisée Country Leader dans le jargon mondialisé des affaires, a … un nom et un regard reconnus. Ceux de son père, Paul Quilès, qui fut l’un des principaux dirigeants socialistes de l’époque glorieuse de la gauche de 1981. Tous deux ont ces yeux clairs qui donnent un côté un peu distant. Lui était déjà assez différent de ses camarades. Ce polytechnicien, fils de militaire – ce qui n’était pas banal dans un corps peuplé de littéraires et de pacifistes – fut ministre de la Défense et de l’Intérieur, là où les socialistes avaient besoin d’ordre. Elle, jeune femme de 44 ans, occupe depuis dix ans déjà, les avant-postes du monde de la pharmacie. Pour en arriver là, sans y être prédestiné, on s’imagine qu’il faut de la détermination, de la méthode et le goût du commandement.
Encore si jeune dans son vaste bureau du siège parisien du géant américain, on ne l’imagine pas avoir été promenée, enfant, dans des fêtes de la Rose du côté du XIIIe arrondissement de Paris, dont Paul était député et maire de Carmaux, sa dernière terre d’élection, patrie du grand Jaurès, un symbole pour le peuple de gauche.
Elle ne peut échapper à cette curiosité, bien qu’elle sache que ses jeunes chefs de produits de la génération post-1981 ne s’en émeuvent guère. Tant ils ont peu d’idées de cette période où l’on l’était d’un bord et pas de l’autre. Pour la gauche, un géant yankee ne pouvait être qu’un ennemi de classe !
Attirée par les biotechnologies, Emmanuelle, jeune biologiste, accomplit un chemin rapide dans l’industrie du médicament. Devenue une des plus jeunes patronnes de l’industrie en dirigeant Wyeth, un leader des biotechs, après y avoir fait toutes ses gammes, elle a « raflé la mise » lors de la fusion de Wyeth et de Pfizer. Du grand art pour cette musicienne, mère de trois jeunes enfants qui croit, elle, à la révolution … technologique et à l’ouverture du monde pour le médicament. Une forme d’Internationale plus scientifique et industrielle qu’idéologique chez cette scientifique et femme de marketing qui ne doit pas manquer d’énergie. Ni de goût, dit-elle, pour les questions sociales, ce qui est peut-être inscrit dans son ADN. Les conseils écoutés de son père, ne lui seront pas inutiles chez Pfizer, qui a récemment… licencié la moitié de son personnel !
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