COMME LES CHAMPIGNONS en septembre, on trouve toujours au début de l’automne des inquiets, des mécontents et même des va-t-en-guerre pour fustiger les arbitrages du ministre de la Santé à l’heure du budget annuel de la Sécurité sociale. Mais depuis la rentrée, et plus encore ces derniers jours avec l’annonce officielle du Plfss 2007 (projet de loi de financement de la Sécurité sociale), Xavier Bertrand voit surgir dans les milieux médicaux des signaux d’alarme ou de désenchantement qui risquent de fragiliser son action.
Côté médecins libéraux, la confirmation d’un objectif de dépenses « soins de ville » en progression de 0,8 % en 2007 a assombri le climat général, y compris – c’est nouveau – chez les principaux soutiens des réformes en cours. La Csmf (Confédération des syndicats médicaux français) parle d’ «étranglement», d’«objectifs purement comptables» et de «rupture». Des propos graves partagés par le SML qui évoque carrément une «réforme sacrifiée». Certes, il est convenu de forcer la voix avant le débat parlementaire. Les députés, qui vont être largement sollicités dans les prochains jours, peuvent toujours corriger le tir.
Mais le malaise existe et la difficulté pour le gouvernement tient au fait que ce regain de tension chez les « conventionnistes » intervient à l’heure où s’organise parallèlement un front du refus, autour de MG-France et de la FMF (Fédération des médecins de France), qui menace de bloquer la convention en exerçant son droit d’opposition. Or Xavier Bertrand sait qu’il a besoin de partenaires et de relais pour conforter et même accentuer les résultats de la maîtrise médicalisée, qui sont bel et bien au rendez-vous depuis un an et demi. Pour MG-France en tout cas, les choix budgétaires du gouvernement traduisent son «désintérêt pour les soins primaires».
Les ménages... ménagés.
Si ce vent défavorable gagne l’ensemble des professions de santé libérales – le Cnps se déterminera le 5 octobre –, la situation deviendra délicate dans le secteur ambulatoire.
Du côté établissements de soins, les feux de la contestation ne sont pas éteints (lire ci-dessous). Pour la puissante Fédération hospitalière de France (FHF), qui ne cesse de dénoncer le sous-financement global de l’hôpital public, l’Ondam hospitalier de 3,5 % reste en deçà du seuil minimal qui aurait permis, selon elle, la simple reconduction des moyens existants. Quant au secteur hospitalier lucratif, il est désormais en alerte après la baisse, certes provisoire, des tarifs des cliniques.
Pour l’industrie du médicament enfin, lourdement mise à contribution l’an passé, la poursuite résolue des efforts – 1,8 milliard d’euros d’économies attendues dont 165 millions issus de mesures nouvelles – risque de provoquer quelques remous alors que, phénomène sans précédent, l’évolution des dépenses de médicaments devrait rester quasiment stationnaire en 2006.
En revanche, le volet maladie de ce Plfss ne devrait pas (trop) mécontenter les représentants des assurés sociaux. En l’état, ce projet ne prévoit pas de nouveaux prélèvements sur les ménages (à l’exception de la hausse de 1 euro du forfait journalier hospitalier qui était programmée dès 2004) et étend significativement le dispositif d’aide à la complémentaire santé (un million supplémentaire de bénéficiaires potentiels).
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