LA PROPOSITION du directeur de la Caisse nationale d'assurance-maladie (CNAM) de réduire le remboursement de 100 à 35 % par la Sécurité sociale des médicaments dits de confort aux malades atteints d'affection de longue durée (ALD) a déclenché une vague de contestation des groupes politiques, partenaires sociaux, syndicats de médecins et associations de malades.
Le Parti socialiste (PS) estime que par cette mesure «le gouvernement s'attaque aux soins des personnes âgées et des malades gravement atteints». «Ce plan effarant est une véritable insulte aux fondements de l'assurance-maladie dont l'objectif est l'égal accès aux soins», affirme pour sa part le Parti communiste (PC). Le Front national y est allé de sa critique : sa vice-présidente, Marine Le Pen, a jugé «humainement et socialement inacceptable» le projet de l'assurance-maladie, ajoutant que «si Nicolas Sarkozy (voulait) réduire le déficit de la Sécurité sociale, qu'il commence par supprimer l'aide médicale d'État accordée aux clandestins».
La CFTC qualifie la proposition de Frédéric Van Roekeghem de «scandale», estimant qu'elle «remet en cause une fois de plus notre système de santé basé sur la solidarité entre malades et bien portants, auquel les Français sont très attachés». Le syndicat prédit une hausse du prix des mutuelles et une nouvelle baisse du pouvoir d'achat des ménages. Pour la CFE-CGC, les propositions d'économies du directeur de la CNAM constituent «une étape supplémentaire» du désengagement de l'État et de la Sécurité sociale, «menée sans aucun débat». La CGT juge tout bonnement le projet «inacceptable».
Chez les médecins libéraux, la CSMF estime que l'on «parle beaucoup de rogner sur les dépenses et jamais des recettes. Or tous les experts s'accordent pour dire que les dépenses de santé ont vocation à augmenter d'un point à un point et demi au-dessus du PIB». Pour MG-France, «le directeur de l'UNCAM poursuit son oeuvre de mise à mal du système de santé solidaire». La Coordination médicale hospitalière (CMH) rappelle «que, en France, 7,4millions d'assurés sociaux, dont l'âge moyen est de 61ans, sont atteints d'une ALD. Parmi eux, 1,4million sont atteints de cancers, 1,3million de diabète et 845000 d'hypertension sévère». D'ici à 2015, ils seront 12 millions, selon les prévisions. L'Association des médecins urgentistes de France (AMUF) se dit «scandalisée». «Le gouvernement est responsable, affirme le syndicat. La baisse des remboursements, les franchises, les forfaits hospitaliers: tout est mis en place pour que les plus malades payent plus et de plus en plus.»«Le gouvernement est en train de créer une crise sociale majeure en s'attaquant aux plus faibles et aux malades», accuse l'AMUF.
Du côté des associations d'usagers, les réactions sont aussi unanimes pour condamner le projet de la CNAM. L'Association française des diabétiques (AFD) souligne qu'il «faudrait peut-être s'occuper aussi des recettes, à aller chercher ailleurs qu'en taxant exclusivement le travail». Le Collectif interassociatif sur la santé (CISS) juge «cette proposition inacceptable», qui «introduit la chronique d'une fin annoncée d'un régime fondé sur la solidarité». «Être malade n'est pas un choix. Payer les franchises est déjà une double peine; ne plus être remboursé à 100%, c'est une triple peine infligée aux malades.» La FNATH, l'association des accidentés de la vie, y voit un «coup supplémentaire au pouvoir d'achat des plus malades qui sont souvent aussi les plus défavorisés», et interpelle les députés et sénateurs à ce sujet. «Le plan confirme une fois de plus que seuls les patients seront mis rapidement, et sans négociation, à contribution», comme avec les franchises médicales, poursuit la FNATH.
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