C 'EST une conséquence inattendue du réchauffement climatique que rapportent deux auteurs suédois dans le dernier « Lancet » : une augmentation des encéphalites dues aux tiques. Elisabeth Lindgren et Rolf Gustafson (Stockholm), face à l'élévation de l'incidence de l'affection depuis le milieu des années quatre-vingt dans leur pays, ont évoqué une relation entre ces différents facteurs.
Pour la confirmer, ils ont analysé la période 1960-1998. De fait, les printemps sont arrivés plus tôt et ont été globalement plus tempérés de 1960 à 1983 que de 1984 à 1998 (sauf de 1995 à 1997). Quant aux automnes, ils ont été semblables, alors que les hivers sont devenus bien plus doux à partir de 1985 (sauf 1986 et 1987).
A titre d'exemple de corrélation, les auteurs rapportent les données de 1994. La Suède a connu cette année-là une incidence d'encéphalites record, triple de la moyenne annuelle. Or 1994 avait été précédée de 5 hivers très doux et de 7 printemps précoces consécutifs.
Pour comprendre l'association, il faut savoir que le développement des tiques est influencé par la température. Elles ont besoin d'un minimum de jours favorables dans l'année. Avec un hiver doux (elles peuvent survivre à des froids bien en dessous de - 7 °C), un printemps précoce et un automne prolongé, la population des parasites prolifère.
Mais la clémence du temps entraîne d'autres conséquences que la pullulation parasitaire. La période d'activités extérieures humaines s'étend aussi (champignons, pique-nique...). Et le risque de morsure de tiques augmente d'autant. Même si elles se terrent les jours ensoleillés ou pluvieux.
Deux autres facteurs peuvent expliquer l'augmentation des encéphalites. Tout d'abord, indépendamment de la météo, une urbanisation des zones infestées (résidences secondaires). Ensuite, l'augmentation du nombre des petits mammifères, dont les chevreuils (hôte principal des tiques), depuis 1980. Ce déséquilibre de la faune est favorisé, certes, par le radoucissement, mais aussi par la raréfaction du renard roux, décimé par la rage.
Les auteurs, enfin, éliminent deux biais possibles à leur étude. La surveillance accrue de l'affection n'est pas responsable de l'augmentation des statistiques. Les données remontent à la fin des années cinquante. Et, enfin, les encéphalites auraient même dû décroître, puisqu'une campagne de prévention a été mise en place : vaccination depuis 1986, protection vestimentaire dans les zones infestées, éviction des poubelles au ras du sol et des pelouses d'herbe grasse.
« Lancet », vol. 358, 7 juillet 2001, pp. 16-18.
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