Quatre ans durant, le Dr Bertrand Legrand a suivi le paiement de ses factures en tiers payant. Et constaté qu’elles lui étaient payées en moyenne 11 jours après leur date d’émission, un délai... deux fois plus important que celui avancé par l’IGAS dans un rapport sur le tiers payant publié en 2013 ! Dans le détail, le généraliste installé à Tourcoing a observé que les feuilles de soins électroniques mettaient 6 jours à être traitées, là où l’IGAS annonce des délais variant au fil des pages, compris entre 2 et 5 jours. Quant aux feuilles papiers, l’étude supervisée par Bertrand Legrand conclut qu’elles sont remboursées deux mois après leur envoi à l’Assurance maladie. Autrement dit, leur traitement est quatre fois plus long que celui mentionné par l’IGAS !
En tout état de cause, qu’elle soit sous forme électronique ou papier, aucune feuille de soin émise par le cabinet du docteur Legrand n’est remboursée dans le délai prévu par la Convention, cinq jours pour les premières et vingt jours pour les secondes. Pour ce généraliste dont près de 80 % de la patientèle bénéficie dès maintenant du tiers payant, ces résultats sont inquiétants à l’heure où le système doit être généralisé. Si la Sécurité sociale peine déjà à assurer le paiement des avances de frais concernant 15 % des actes de médecine générale aujourd’hui (selon l’IGAS), il craint que ces difficultés ne connaissent une croissance exponentielle à l’heure de la généralisation.
Il n’en aura pas fallu davantage à l’UNOF pour monter au créneau et demander « l’abandon du projet de tiers-payant généralisé obligatoire ». Pour le syndicat, « cette étude confirme les effets pervers » de la systématisation du tiers-payant, telle que « l’augmentation des tâches administratives ». À cet égard, il rappelle « que 60 % des médecins généralistes n’ont pas de secrétariat physique et qu’il faudra générer un tiers-payant généralisé avec plus de 400 mutuelles ». Par ailleurs, l’UNOF souligne « le non-respect dans 50 % des cas des délais de paiement des actes des médecins généralistes », mis en évidence par le docteur Legrand et pose la question du « devenir économique des cabinets de médecins généralistes ».
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