LA POLITIQUE HOSPITALIERE que mène Jean-François Mattei déplaît, c'est certain, à la majeure partie des organisations syndicales de l'hôpital public. Alors qu'elles réclament « des budgets supplémentaires, des emplois, des formations, de meilleures conditions de travail, une meilleure reconnaissance professionnelle, plus de démocratie et de concertation », la CGT, FO, SUD et la Cftc (pour les personnels), l'Inph, la CHG et l'Amuhf (pour les médecins) remarquent que « ce qui (leur) est imposé, c'est l'inverse ». On ne peut être plus clair.
Pourtant, l'appel qu'ont lancé ces mêmes organisations à dire non à « la recherche de la rentabilité, de gain de productivité, (à) une gestion et un pouvoir plus centralisé, (à) une organisation de l'hôpital plus souple, mais surtout plus flexible pour les personnels » n'a pas rencontré un fort écho dans les établissements.
Si l'on en croit le ministère de la Santé, le taux de mobilisation des médecins dans les CHU (c'est-à-dire de ceux qui se sont déclarés grévistes) a atteint 13,42 % ; leur taux de participation - qui compte les grévistes effectifs - s'est élevé à 10,53 %. Du côté des personnels, 18,79 % étaient mobilisés et 8,56 % étaient grévistes. Ces moyennes recouvrent des situations locales contrastées. Des taux de grévistes plus importants ont été enregistrés dans des hôpitaux de province, notamment dans la Sarthe (35 % de médecins en grève), à Marseille (29 % des personnels non médical mobilisés), à Albi, Roanne, Bordeaux, Nantes ou encore Rennes. A Paris, un cortège a réuni plusieurs milliers de médecins, soignants et agents hospitaliers - 5 000 selon les organisateurs, 2 000 selon la police. A Marseille, ils étaient près de 3 000 manifestants, selon les organisateurs. Des rassemblements ont également eu lieu à Avignon, Toulouse, Caen, Lille...
Le mécontentement progresse.
Par rapport à la dernière journée d'action organisée sur le même thème par les mêmes syndicats - c'était le 16 décembre -, le mécontentement progresse. « Le mouvement s'est incontestablement amplifié, assure le Dr Pierre Faraggi, président de la CHG. Mais il reste limité. Nadine Prigent, secrétaire générale de la fédération santé de la CGT, en est consciente, qui parle, avec la réforme de l'assurance-maladie en ligne de mire, de « début de remobilisation des hospitaliers ».
La CGT, FO, SUD, la Cftc, l'Inph, la CHG et l'Amuhf n'entendent pas cesser le combat. « Nous sommes déterminés, affirment-ils haut et fort, à ne pas laisser appliquer Hôpital 2007. Ce plan marque à terme une privatisation partielle de l'hôpital public. Il fait partie d'une offensive libérale. » Le Dr Patrick Pelloux, président de l'Amuhf, met et garde : « On a été suffisamment patient. On n'a pas vu Hôpital 2002, on n'a pas vu Hôpital 2003... Le plan du gouvernement, c'est un peu " en 2007, on rase gratis ". »
« Faux-semblants ».
D'autres mouvements devraient donc suivre, auxquels les usagers de l'hôpital pourraient être associés. En attendant, les syndicats en colère dénoncent les « faux-semblants » dont use le ministre de la Santé pour présenter sa politique hospitalière. Jean-François Mattei rappelle-t-il que le volet « investissement » d'Hôpital 2007 représente une manne de plus de 10 milliards d'euros distribués aux hôpitaux ? Ses opposants s'insurgent, rappellent à leur tour que sur ces 10 milliards, 3 milliards sont des crédits nouveaux et le reste « des autorisations d'emprunts délivrées à des établissements déjà très endettés ». « Même s'il s'agissait de 10 milliards de crédits nouveaux, ils suffiraient tout juste à rénover le parc hospitalier... d'Ile-de-France », explique un responsable de FO. En matière de moyens humains, alors que le ministre met sur la table 26 000 postes non médicaux et 2 000 postes de praticiens hospitaliers créés entre 2002 et 2003, les syndicats se fâchent aussi. « On ne peut pas tout mettre dans le même chapeau, s'indigne-t-on à la Cftc, ces emplois ont été créés - en nombre insuffisant, d'ailleurs - dans le cadre des 35 heures. Ils n'ont rien à voir avec la crise actuelle ! »
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